Les télés libres appellent à des états généraux européens du "tiers secteur audiovisuel"
Réunis au FSE, les petits du petit écran citent en exemple le "modèle vénézuélien"
Les militants du "maquis hertzien" entendent sortir du bois. Réunis depuis hier au Médialab, l’atelier alternatif installé à la Maison des métallos à Paris durant le Forum social européen (FSE), producteurs et télés associatives vont lancer un appel à la tenue d’états généraux européens du "tiers secteur audiovisuel". "Pour qu’une autre télévision soit possible, lance Olivier Azam, de Zaléa TV. Cette télé associative parisienne est à l’origine de l’initiative, proposée le 12 novembre lors d’une rencontre avec une trentaine de vidéastes italiens, vénézuéliens, danois...
Objectifs : définir un cadre pour échanger de manière plus systématique les programmes (documentaires, films, émissions...) et "mutualiser" les connaissances et les moyens techniques (streaming, diffusion via Internet, câble et satellites, technologies sans fil...).
En matière de collaboration audiovisuelle, internationale et alternative, un modèle existe déjà : Global TV, un réseau de télés libres européennes créé l’an dernier au FSE de Florence. Slovènes, espagnols ou encore danois, les membres de Global TV organisent régulièrement des diffusions simultanées dans plusieurs villes grâce à un signal satellite. Ce type d’opération reste malheureusement assez cher pour des associations : il en aurait coûté 20 000 euros la retransmission de la semaine du FSE de Paris. "Infaisable sans subvention ni soutien de l’organisation du Forum", résume Olivier Azam de Zalea TV.
Identité
Désireuse de s’exprimer à l’occasion du FSE, Zalea TV a repris cette semaine ses émissions "pirate". Malgré ses demandes, elle n’a en effet plus l’autorisation du CSA d’émettre sur le canal hertzien 35. Seuls ceux qui n’habitent pas trop loin du 19e arrondissement parisien ont une chance de capter ses programmes. Egalement boutée des projets de télévision numérique terrestre, Zaléa mise sur la force des courants alternatifs.
La tenue d’états généraux européens doit permettre aux télés libres d’affirmer leur identité. Elles se veulent résolument novatrices et militantes... mais souhaitent aussi garder leurs distances vis-à-vis des institutions. A ses homologues réunis au MétallosMédialab, la télé associative romaine Street TV a raconté son expérience : elle participe par exemple avec des sans-logis à des occupations d’immeubles ou pirate des matches de football du Calcio italien, pour lesquels la chaîne à péage Sky dispose des droits d’exclusivité.
"C’est important d’être visible, mais ce qui compte, c’est de créer de nouvelles formes", avance Gloria, de Global TV. Car rendre la parole aux habitants des quartiers reste une ambition commune de tous les "médiactivistes", des toulousains de TV Bruit aux Danois de Stop TV.
Expliqué lors de la réunion parisienne, l’exemple vénézuelien laisse les militants pour une autre télévision songeurs : des lois votées par le régime du président Hugo Chavez obligent à la création de chaînes associatives lorsque des fréquences se libèrent. La seule contrainte imposée à ces télés communautaires est d’assurer une formation permanente aux habitants.
L’exemple de Caracas
"A part quelques films animaliers que passent les chaînes sous-commerciales du pays, les documentaires étaient inconnus des Vénézueliens, affirme Thierry Deronne, qui travaille depuis dix ans auprès des médias associatifs du pays. Nous les incitons à prendre la caméra, puis à s’interroger sur les intentions et les résultats de leurs travaux. Nous cherchons aussi des documentaires sur l’histoire de l’Amérique latine, afin qu’ils se réapproprient leur mémoire."
Thierry Deronne assure que les chaînes associatives créées (TV Tambores, Cathia TV...) ne sont l’objet d’aucun contrôle politique de la part du pouvoir vénézuélien. Sauf lors du putsch pendant lequel les programmes des télés de Caracas ont été interrompus et leurs militants arrêtés par les anti-Chavez. Quant à leur autonomie, elle serait garantie par six minutes de publicité par heure payées par des PME locales.
L’horizon politique de ces réformes dans l’audiovisuel vénézuelien, c’est la démocratie participative. Une ambition que ne renie aucun des acteurs des télés libres et qui sera au centre des débats lors des états généraux à venir en Europe.
"Le CSA marque sa préférence pour des chaînes locales adeptes du politiquement correct et de la citoyenneté bien encadrée", phrase du jour de Zalea Tv
http://www.transfert.net/a9389
Zaléa TV
http://www.zalea.org/
Le site de Global TV:
http://tvglobal.org/
Le site officiel du FSE:
http://www.fse-esf.org/francais/ind...
Le site du Medialab de la Maison des Metallos (FSE):
http://metallosmedialab.fse-paris.org/