A Bruxelles, 16 jours de rencontres et de spectacles pour comprendre l’open source
La septième édition du festival Jonctions, qui a ouvert ses portes ce vendredi 21 novembre, se déroule à Bruxelles jusqu’au 20 décembre 2003. Il est organisé par Constant, une association belge particulièrement active dans le domaine du net art et la promotion des logiciels libres. Pendant 16 jours, scientifiques, techniciens, artistes, critiques, universitaires et activistes, tous utilisateurs de technologies numériques, viendront montrer et expliquer leur travail aux visiteurs. Non pas pour défendre leur projet ou recevoir un quelconque prix, mais pour collaborer à une réflexion sur les outils numériques, leurs capacités, leurs limites et les questions éthiques que soulève leur utilisation.
Créée en 1997, Constant cherche à confronter artistes et grand public en amenant les premiers dans toutes sortes de lieux où ils peuvent rencontrer les seconds : cinémas, commerces, bus... et salles d’exposition traditionnelles. C’est pour cette raison que ce festival annuel se nomme "Jonctions". Laurence Rassel est l’une des organisatrices du festival. Membre de l’association Constant, elle témoigne : "Aujourd’hui, nous recherchons toujours la confrontation entre praticiens et visiteurs. Mais il ne s’agit plus de montrer : nous souhaitons réfléchir sur les conditions de travail, les conditions légales et les conditions techniques qu’entraîne l’utilisation des outils numériques."
Cacher son corps derrière la technologie
Les thèmes abordées au cours des différents séminaires, conférences et ateliers du festival seront parfois très théoriques et parfois plus pratiques. Les participants tenteront de répondre à des interrogations variées : "Faut-il créer des oeuvres libres de droit ou protégées par copyright ?" "Le droit d’auteur autorise-t-il à faire protéger les mouvements de danse inventés par les chorégraphes ?" "Si tous les outils qui permettent d’archiver la mémoire sont disponibles, pourquoi les gens n’enregistrent-ils pas tous leurs souvenirs ?" "Le musicien qui joue sur son ordinateur pendant un concert doit-il montrer son corps ou le cacher ?"
Les invités de Jonctions tenteront de répondre à ces questions à travers des ateliers, des conférences, des expositions, des présentations de projets, des concerts ou des projections de vidéos.
Pour sensibiliser le public à la problématique soulevée par le droit d’auteur, les organisateurs, qui militent depuis plusieurs années en faveur de l’open source, utiliseront plusieurs moyens.
Pâtes open source
Chaque visiteur sera invité à rédiger un texte et à l’enregistrer via Creative Commons. Cette licence internationale permet de mettre son oeuvre, gratuitement, à la disposition de ceux qui le souhaitent, à condition qu’elle ne soit pas utilisée dans n’importe quelles conditions (pour une exploitation commerciale, par exemple).
"A travers cette action, nous cherchons à faire réfléchir les visiteurs : c’est à eux que revient la décision de choisir cette licence", explique Laurence Rassel. Les textes dont les auteurs ont accepté les termes proposés par Creative Commons seront publiés sur le site de Jonctions à la fin du festival.
Des documents imprimés seront mis librement à disposition du public. Toutes les conférences et les concerts seront téléchargeables depuis le site du festival. Une web radio retransmet, depuis ce vendredi 21 novembre, les conférences du festival en direct. Et pour que chacun puisse comprendre les avantages du copyleft, le site propose, chaque jour, une nouvelle recette de cuisine "en open source et réalisable en cinq minutes". Au menu du 21 novembre : "Spaghetti di tonno alla spiccia".