Transfert s’arrête... encore !
Transfert.net va de nouveau devoir suspendre son service quotidien d’information. Faute de moyens financiers. Le site reste ouvert, en accès libre, mais à compter d’aujourd’hui, lundi 1er décembre, il ne sera plus mis à jour, sauf exception. Les salariés de Transfert vont être licenciés mais l’association Transfert2, elle, demeure.
Après l’échec du premier Transfert (un site gratuit financé par la publicité et adossé à un magazine papier), nous avons fait le pari de relancer en avril 2003 un site d’information semi-payant, sans publicité et seulement financé par des abonnements à destination des professionnels.
Avec une structure légère (1 salarié permanent, 6 temps partiels et une vingtaine de journalistes pigistes) et un budget de fonctionnement de 15 000 euros par mois, nous savions dès le début que nous avions jusqu’à la fin de l’année 2003 pour lancer le projet et convaincre.
Notre démarche n’a malheureusement pas convaincu un public assez large parmi les journalistes, institutionnels, associatifs et professionnels des technologies de l’information qu’elle visait en priorité. En dépit des abonnements souscrits par des professionnels et plusieurs médias (qu’ils soient remerciés de leur confiance), notre site d’information n’a pas su atteindre l’équilibre financier escompté et nos réserves financières touchent à leur fin.
L’équation de la presse indépendante en ligne, réputée insoluble, comporte encore des inconnues. Payer pour de l’information manque probablement encore et toujours d’évidence, tout comme la profusion de données disponibles gratuitement sur le réseau donne l’impression d’en avoir déjà assez, voire trop.
Sans doute avons-nous aussi sous-estimé les efforts commerciaux à fournir pour atteindre notre objectif. Peut-être notre offre manquait-elle de clarté pour convertir les 7 à 8 000 visites quotidiennes en abonnements payants. Prenez les outils de recherche et de veille développés pour nos abonnés : très utiles dans le travail quotidien de notre rédaction, ils sont difficiles à appréhender et leur intérêt ne devient évident qu’à l’usage.
De même, nous avons fait le choix de laisser une partie de notre travail en accès libre car nous ne voulions pas briser la dynamique de diffusion de notre information et des liens qui, sur de nombreux sites et moteurs, pointent vers nos articles.
Si nous n’avons pas trouvé le modèle économique pour pérenniser Transfert, l’aspiration éditoriale nous paraît, elle, évidente. Relancer un site internet a pu sembler un pari osé après l’effondrement économique du secteur, mais le besoin d’une information critique et indépendante sur l’impact des nouvelles technologies sur la société demeure à nos yeux une nécessité.
En sept mois, nous sommes heureux d’avoir publié des informations inédites et creusé certains des enjeux qui modèlent notre avenir : la bataille autour de la propriété intellectuelle et de l’ouverture du savoir ; l’avancée de la société de surveillance et les risques pesant sur la vie privée ; le nouvel âge du nucléaire, militaire et civil ; l’impasse énergétique dans laquelle se dirige notre monde et la quête d’alternatives encore en devenir ; les nouvelles applications de la biologie et de la génétique à des fins militaires, d’identification des personnes ou de gestion de l’information ; les mutations de la contestation du système capitaliste et de son discours publicitaire ; la démocratisation des médias et la frontière toujours plus ténue entre producteur et spectateur, amateur et professionnel...
Ces thèmes ont souvent été repris par d’autres médias : quotidiens nationaux et régionaux, magazines, radios et télévisions, sites et revues de presse... Nous nous en réjouissons car, au delà de la viabilité de notre support, nous souhaitions une diffusion la plus large possible de ces informations.
Au moment de tirer à nouveau notre révérence, nous ne regrettons pas d’avoir tenté cette aventure, qui constituait aussi une expérience de travail en réseau, décentralisé et collégial. Transfert souhaite féliciter tous ceux qui y ont participé, journalistes, graphistes, informaticiens, commerciaux et gestionnaires, mais aussi lecteurs assidus, informateurs zélés, internautes bienveillants et membres de l’association Transfert 2.
Forte d’une centaine d’adhérents, cette dernière va continuer d’exister en tant qu’éditrice du site et de ses 9500 articles mis en ligne depuis fin 1998, désormais en archive ouverte. Quant à nous, nous allons tenter de porter sur d’autres fronts notre conception de la société de l’information.
Adieu, à bientôt !
L’équipe de Transfert