L’autorité grecque de protection des données personnelles vient d’interdire au nouvel aéroport d’Athènes de faire usage d’un système d’identification biométrique pour l’enregistrement des passagers. Visant à vérifier les empreintes digitales et l’iris de l’oeil des passagers lors du contrôle des billets et de l’embarquement, ce système n’avait pourtant que valeur de test, et reposait sur le volontariat. Cette décision de la Cnil grecque pourrait remettre en question le projet européen de passeport biométrique.
Le 8 octobre dernier, l’aéroport international Eleftherios Venizelos d’Athènes a demandé l’autorisation à l’autorité grecque de protection des données personnelles (DPA) de se lancer dans un traitement de données biométriques des passagers.
Un programme trop "pilote" ?
En partenariat avec l’aéroport international de Milan, la compagnie aérienne italienne Alitalia, l’International Air Transport Association (Iata) et deux sociétés d’électronique (non identifiées), le système était présenté comme un "programme pilote" financé par la Commission européenne et le gouvernement suisse.
Le système, fondé sur le volontariat des passagers, visait à vérifier leurs iris et empreintes digitales lors des procédures de contrôle des billets et d’embarquement.
Le 16 octobre, après audition des parties intéressées, la DPA a contredit les dépêches de presse annonçant que le programme avait été avalisé : au contraire, l’autorité a interdit le déploiement du programme, qui contrevient selon elle à la loi sur la protection de la vie privée, adoptée en Grèce en 1997.
Entraînement pour les jeux olympiques ?
L’information ne semble avoir été officiellement annoncée à la presse que le 10 novembre dernier. Interrogé par l’agence Reuters, un porte-parole de l’aéroport confirme que, si le matériel a bien été acheté, il n’a pas encore été installé, et ne devait servir qu’à titre d’expérimentation. Au passage, il précise que le système n’a pas été mis en place en prévision des prochains jeux olympiques qui se tiendront en Grèce en août 2004.
Les jeux olympiques font l’objet de la plus vive attention et disposeraient d’un budget sécurité de 755 millions de dollars, ainsi que de l’assistance de certains pays "experts" dans ce domaine, dont les Etats-Unis et Israël.
Dans son bulletin du 11 novembre, l’ambassade de Grèce en France précise pour sa part que la décision de l’autorité grecque "rend ainsi peu probable le projet européen de ’passeport biométrique’ promu par l’Union européenne en collaboration étroite avec les Etats-Unis".
En juin dernier, le Conseil des ministres européen, sous la pression des Etats-Unis, a en effet décidé que les passeports européens devront à terme être dotés d’une puce contenant l’empreinte digitale et celle de l’iris de leurs détenteurs.
Le bulletin d’information de l’agence de la Commission européenne traitant de l’interconnexion des données entre les administrations (IDA) précise pour sa part qu’une nouvelle loi pourrait être votée, en Grèce, afin d’autoriser de tels programmes de vérification biométrique de l’identité.
De plus en plus d’aéroports séduits
Rappelant que les systèmes biométriques connaissent un certain succès depuis les attentats de septembre 2001, l’IDA avance que plusieurs aéroports européens sont en passe de s’en doter, notamment en Allemagne et en Suède.
La compagnie Scandinavian Airlines (SAS) compte ainsi lancer ce mois-ci un système de vérification des empreintes digitales et de l’iris de ses passagers à l’aéroport d’Umea, au nord de Stockholm.
A l’aéroport de Francfort, c’est un système de reconnaissance de l’iris qui doit être testé en décembre 2003 auprès des passagers disposant d’ores et déjà d’un passeport doté d’un identifiant biométrique.
L’aéroport de Roissy a lui aussi annoncé récemment qu’il allait tester, à l’été 2004 et sur la base du volontariat, le contrôle d’identité de ses voyageurs les plus assidus, par empreintes digitales.
Interrogé par l’Agence Associated Press, un responsable de l’aéroport Eleftherios Venizelos avance qu’un programme expérimental de contrôle biométrique sera de toute façon prochainement lancé, mais à destination des seuls employés de l’aéroport.
A partir de début 2004, Aéroports de Paris a annoncé qu’un système similaire serait mis en place pour l’accès de ses 90 000 employés aux zones réservées de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle.
Le site de l’autorité grecque de protection des données personnelles (Hellenic data protection authority):
http://www.dpa.gr/home_eng.htm
Greece Bans Athens Airport Iris Checks (Reuters):
http://news.airwise.com/stories/200...
Athens to Increase Airport Security (AP):
http://www.montereyherald.com/mld/m...
L’Autorité pour la protection des données personnelles interdit les appareils d’identification biométrique à ’’Eleftherios Venizélos’’
http://www.amb-grece.fr/presse/bull...
Biometric checks illegal in Greece, says Data Protection Authority (Union européenne):
http://europa.eu.int/ISPO/ida/jsps/...
Les Etats-Unis instaurent le fichage biométrique systématique des étrangers (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9518
Roissy va tester le contrôle d’identité des voyageurs par empreintes digitales (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9567
L’accès aux zones réservées des 90 000 employés des aéroports de Paris se fera par reconnaissance d’empreintes digitales (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9522
Un expert auprès du gouvernement dénonce les fausses promesses de la biométrie (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9351
Bientôt des empreintes biométriques dans les passeports européens (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9013
Dossier: "Le fichage des passagers aériens" (Transfert.net):
http://www.transfert.net/d61