Avec Vote-Auction, on a cru qu’il vendait des votes aux enchères. Ce n’était qu’un coup d’artiste. Et pas le premier pour Hans Bernard.
Pour cette fin d’année, nous vous proposons de découvrir ces artistes-activites d’un autre genre (une enquête parue dans Transfert magazine n°20).
« Le plus grand moment de l’aventure Vote-Auction, c’est l’interview en prime time sur CNN : un piratage médiatique à grande échelle ! » Hans Bernard n’est pas peu fier de son plus grand fait d’armes, un long duplex téléphonique lors de l’émission judiciaire Burden of Proof du 24 octobre 2000 consacrée à Vote-Auction, un site qui faisait scandale depuis plusieurs mois dans la campagne présidentielle en proposant aux internautes de vendre et d’acheter des votes aux enchères en ligne.
Planqué, à l’époque, dans un squat alternatif du centre de Berlin, Hans Bernard, « homme d’affaires autrichien », répond en tant que propriétaire de Vote-Auction, et assène avec arrogance la doctrine du site : rapprocher capitalisme et démocratie et permettre aux citoyens de monnayer leur vote comme le font toutes les entreprises qui arrosent de dollars coupables les candidats de toutes les élections aux ...tats-Unis.
Poil à gratter
Jusqu’à la veille du scrutin, Hans tient les médias en haleine, se joue des menaces de procès et rouvre son site à chaque fois qu’il est interdit, avant de publier un communiqué final moqueur : il n’y a pas de vraie vente aux enchères, Vote-Auction n’était qu’un leurre trop gros pour ne pas être avalé par les médias. Celui qui se considère « artiste-activiste-businessman » œuvre sous des pseudos divers, toujours au travers de la société de consulting Internet Ubermorgen, qu’il a créée avec sa turbulente associée et compagne, mademoiselle Haas, alias livlx.
Né aux ...tats-Unis, Hans vient tôt en Suisse avant de s’installer à Vienne en 1994, un an après avoir découvert Internet. Il participe alors à la création du collectif d’activistes en ligne Etoy, connu pour avoir mis à terre le vendeur de jouets en ligne Etoys qui leur avait intenté un procès pour contrefaçon.
S’il se reconnaît volontiers provocateur, Hans pense qu’il fait ainsi avancer les choses, quelque part dans le sillage du mouvement anti-mondialisation. « Nous n’avons pas d’idéologie, nous ne faisons que poser des questions dérangeantes... », ironise-t-il. En pensant peut-être à sa collaboration à Naziline, la campagne pour une pièce de théâtre qui a fait scandale en 2001. Pour singer un modèle de réinsertion sociale, elle avait engagé comme acteurs... des néonazis. Homme de Réseau, Hans aime par-dessus tout brouiller les pistes. Et il continue aujourd’hui de jouer sur tous les tableaux : sa dernière entreprise est une thèse universitaire sur... le piratage des médias.
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... tout comme naziline.
www.naziline.com
Le site Uber Morgen
www.ubermorgen.com
Vote Auction, le site qui fit scandale
www.vote-auction.net