La police est très fière de sa nouvelle arme anti-criminalité : le fichage ADN de toute personne arrêtée, et ce, même si elle s’avère être innocente. La commission génétique britannique tire la sonnette d’alarme.
En décembre dernier, la base de données ADN de la police anglaise avait reçu le Big Brother Awards du "projet le plus effrayant de l’année" (http://www.transfert.net/ancien/fr/cyber_societe/article.cfm ?idx_rub=87&idx_art=2894). Elle venait fièrement d’annoncer avoir franchi le cap du million d’échantillons et confirmait son objectif de passer le cap des 3 millions en 2003 (à raison de 25 à 30 000 nouveaux échantillons par mois). La loi censée avaliser cette collecte policière de l’ADN des Anglais n’a toujours pas été votée, ce qui ne l’empêche pas d’être allègrement utilisée, d’autant qu’elle est activement soutenue par Tony Blair, qu’elle fait partie du manifeste du Labour party et que 168 millions de livres ont été alloués pour le développement de la base de données.
Présomption de culpabilité
Dans l’exercice de leurs fonctions, les Bobbies sont ainsi invités à prélever un échantillon d’ADN sur toute personne arrêtée, quel que soit le crime ou le délit dont il est suspecté. Selon le quotidien The Guardian, la commission chargée par le gouvernement d’orienter la politique génétique de la Grande-Bretagne tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. Pour Lady Kennedy, sa présidente, le contrôle de la base de donnée devrait être confié à une commission indépendante, et non à la police, et seuls les criminels reconnus comme tels devraient être fichés. Au jour d’aujourd’hui, rien n’est prévu, en effet, pour effacer les prélèvements ADN de ceux qui s’avèrent être innocents. Ce qui, selon Lady Kennedy, ne peut que les rendre d’emblée suspects aux yeux des policiers, instaurant un régime de présomption de culpabilité. De plus, la base de donnée pourrait être jugée contraire à la convention européenne des droits de l’homme.