Hackers et virus informatiques étant plus dangereux que les armées ennemies, la Grande-Bretagne va augmenter le budget de ses services secrets.
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Selon Robin Cook, secrétaire britannique aux Affaires étrangères, une "
attaque informatique pourrait endommager la nation plus rapidement qu’une frappe militaire". Robin Cook vient en effet de faire une grande découverte : la technologie est au cœur même des infrastructures vitales du pays, et il y aurait de sérieux risques de se retrouver sans eau ni électricité. Si l’on n’a encore jamais vu de tels dégâts occasionnés par le truchement des nouvelles technologies (au contraire des actions militaires), on retrouve ici le discours classique de la National Security Agency (NSA) américaine, du FBI et de tous ceux qui misent sur la crédulité des hommes politiques pour augmenter leur budget à coups de
désinformation. Simple coïncidence sans doute, c’est à l’occasion de l’Open Intelligence and Security Debate, qui se tenait à la chambre des Communes et dont le but était d’examiner le rôle des services de renseignements dans l’après-guerre froide, que Cook s’est laissé aller à cette mémorable envolée.
Kournikova plus dangereuse que le KGB
Pour le ministre anglais, il conviendrait d’"accroître les capacités de défense [des services secrets] face aux menaces aussi diverses que les virus LoveBug et Kournikova". On reste sans voix : tout internaute averti sait qu’il suffit, pour contrer ces "menaces", de disposer d’un antivirus mis à jour, voire de ne pas utiliser Outlook Express (qui sert de plate-forme à la majeure partie des programmes malicieux de ce type). De là à vouloir accroître les pouvoirs des services secrets... Le budget desdits "services" a d’ailleurs... doublé depuis la fin de la guerre froide. Officiellement, il atteindrait 803 millions de livres (8,5 milliards de francs). Mais, selon un ancien des services anglais de renseignements interrogé par The Economist, il avoisinerait plutôt les 2,5 milliards de livres (26,5 milliards de francs). L’Angleterre est par ailleurs le deuxième pilier, après les ...tats-Unis, du réseau de surveillance des télécommunications Echelon, dont elle accueille la plus importante des stations d’écoute et d’interception. Mais cela n’a probablement rien à voir : Echelon servirait à se prémunir des menaces terroristes, voire à faire un peu d’espionnage industriel. En matière de "cybercriminalité", rien n’indique qu’Echelon puisse aussi servir à améliorer l’efficacité des antivirus, ou retrouver les pirates informatiques.
L’e-commerce en sécurité
Une unité chargée de lutter contre le crime high-tech, composée de 80 officiers spécialisés et dotée d’un budget, sur trois ans, de 25 millions de livres (263 millions de francs), sera officiellement lancée le 18 avril prochain. Créée à l’initiative des services de renseignements et de la police criminelle, elle a entre autres pour objectif de renforcer la coopération entre la police et le secteur privé. D’autre part, le ministère de l’Intérieur britannique se targue d’investir massivement - 1 milliard de livres (plus de 10 milliards de francs) - dans les nouvelles technologies policières. L’ambition affichée du gouvernement : "faire du Royaume-Uni le meilleur et le plus sûr des pays en matière d’e-commerce". 168 millions de livres seront ainsi alloués à la base de données ADN de la population criminelle, 25 pour le centre de surveillance des télécommunications électroniques et de crackage du cryptage et enfin... 90 millions pour développer la vidéosurveillance... en milieu rural.
Intelligence and Security Committee:
http://cryptome.org/uk-cm5126.htm
The National Hi-Tech Crime Unit:
http://www.nationalcrimesquad.polic...
New hi-tech crime investigators in £25 million boost to combat cybercrime:
http://www.cyber-rights.org/documen...