Au nom de la liberté d’expression, le milieu activiste lance une campagne de soutien à Vote-auction. Pour contourner la suspension de son nom de domaine, RTMark cherche à faire héberger le site de vente aux enchères de votes et lance un appel au piratage des sites des candidats aux présidentielles américaines.
"Achat de vote par les entreprises, OK ! Satire politique, pas OK ?" C’est sous ce titre que le collectif d’activistes américains RTMark a lancé le 5 novembre un appel de soutien au site Vote-auction. Avec actuellement six procès en cours, ce site, qui propose aux électeurs américains de vendre ou d’acheter des votes en ligne, est le grain de sable provocateur des derniers jours des présidentielles. Le 1er novembre, son patron autrichien Hans Bernhard a vu son nom de domaine suspendu sans préavis par la société d’enregistrement Core (lire Fermeture arbitraire de Vote-auction). La "société de courtage culturel" RTMark, spécialisée dans le sabotage médiatique, voit dans cet acte "illégal" un "déni flagrant de la liberté d’expression garantie par la constitution américaine". Elle organise la riposte : appel à l’hébergement du site Vote-auction sur des centaines de serveurs "amis" et appel au piratage des sites des candidats à la présidentielle. Le premier qui réussira à "rediriger" le site de Bush ou Gore vers Vote-auction se verra donc offrir 300 dollars. Celui qui fera de même avec "un des gros médias qui couvre la campagne présidentielle" recevra, lui, 200 dollars. Ce genre de sabotage, illégal, est réalisable de l’intérieur, par une personne travaillant pour un des candidats, ou de l’extérieur, en piratant les fichiers du serveur.
Vote-auction war ?
Bien connu de l’underground artistique international, RTMark mobilise son réseau pour que Vote-auction continue à dénoncer "l’obscénité du financement des élections américaines par les entreprises". Le communiqué a été envoyé aux plus de 20 000 internautes qui se seraient enregistrés en tant que vendeur ou acheteur sur Vote-auction. Les mailing-lists activistes se chargent de faire circuler l’info, avec déjà quelques résultats. Joint par téléphone, Hans Bernhard a annoncé que Vote-auction, aujourd’hui accessible via son adresse IP, était déjà hébergé sur plusieurs sites-miroirs, grâce au soutien des agences de webdesign allemandes Pixel Massaker et Thinkforce, et du site anti-Microsoft Enemy.org. RTMark a, lui, placé Vote-auction sur sa page d’accueil et le vante comme "un des investissements les plus profitables jamais réalisés". Le bénéfice ? Une plus-value culturelle, comme dans la célèbre TOYWar, une guerre électronique menée l’année dernière en soutien aux Net-artistes etoy, attaqués par le vendeur de jouets en ligne eToys (lire Etoy l’emporte contre eToys). Dans cette nouvelle croisade contre "la subversion commerciale du processus démocratique", RTMark se vante également du soutien d’Andy Müller, le hacker récemment élu représentant de l’Europe à l’ICANN, l’organisme international qui gère l’attribution des noms de domaines. Bien décidé à utiliser leur énorme visibilité médiatique, Vote-auction et RTMark devraient pouvoir jouer les trouble-fête jusqu’au dénouement des présidentielles. À la veille de l’échéance fatidique du 7 novembre, l’assaut final s’annonce spectaculaire.