La justice tunisienne a décidé, le 5 juillet, du maintien en détention de Sihem Bensedrine, directrice du magazine en ligne Kalima et militante des droits de l’homme.
Sihem Bensedrine est maintenue en détention à la prison des femmes de Manouba, en banlieue de Tunis. Selon Emmanuelle Distria, l’une des avocates du CNLT (Comité national pour les libertés en Tunisie), l’audience prévue, le 5 juillet, dans le bureau du juge d’instruction chargé de l’affaire a tourné court. Par solidarité, plus de 150 avocats tunisiens s’étaient rassemblés au tribunal, accompagnés de militants d’ONG tunisiennes, afin d’assurer la défense de la journaliste. Mais devant l’étroitesse du bureau du juge qui ne pouvait accueillir qu’une vingtaine personnes, l’audience a été reportée. Selon l’AFP, Sihem Bensedrine a refusé de répondre aux questions du juge, qui a finalement refuser la demande de mise en liberté de la militante des droits de l’homme.
Dénonciation de la corruption
Deux chefs d’inculpations ont été retenus contre Sihem Bensedrine : "diffamation a l’encontre de particuliers" et "propagation de mauvaise foi de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public". Selon les informations fournies par le CRLDH (Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie), le premier chef d’inculpation se réfère à des propos tenus, le 17 juin dernier, lors d’une émission de la chaîne satellite, Al-Mustaquilla accessible depuis la Tunisie, où elle mettait en cause un magistrat tunisien. (lire article de Transfert)
Sihem Bensedrine y dénonçait également la corruption du pouvoir tunisien. L’autre chef d’inculpation concerne la publication, dans le magazine en ligne Kalimatunisie.com qu’elle dirige, de photos d’un détenu, le visage tuméfié de coups, et décédé, à la suite de violences et de tortures qu’il a subies en prison.
Grève de la faim et messages de solidarité
L’arrestation de Sihem Bensedrine à l’aéroport de Tunis lors de son retour en Tunisie, le 26 juin dernier, a suscité une vague de désapprobation à l’étranger comme en Tunisie. "Hier, les détenus d’opinon, rassemblés à la prison du 9 avril, en Tunisie, ont observé une journée de grève de la faim afin de protester contre le sort réservé à Sihem", explique Emmanuelle Distria. Et, sur le forum de discussions de Kalima, les messages de solidarité se multiplient. Noyé au milieu des demandes de libération, un internaute, sous le pseudo anonymous, s’inquiète auprès du webmestre du site de l’apparition des adresses IP : “Tu es en train de fournir les adresses proxy sur un plateau en or à la police Internet ou pire les adresses simples, suffisantes pour nous coincer !!!" En Tunisie, la justice demeure expéditive envers ceux qui luttent pour la démocratie. Sur les réseaux ou ailleurs.