Le fameux labrador noir de Lycos n’est pas prêt de s’arrêter de courir. Son territoire s’agrandit et s’étend désormais de Washington à Ushuaïa, en passant par Paris, Rome ou Tokyo. Comme le laissait entendre la presse espagnole en fin de semaine dernière, Terra Networks, fournisseur d’accès leader en Amérique latine et filiale de l’opérateur espagnol Telefónica, a annoncé, mardi 16 mai, le rachat du portail américain pour 12,5 milliards de dollars (lire Terra-Lycos : fusion en vue). La nouvelle société ainsi créée, Terra Lycos Inc., devient le troisième portail mondial, derrière Yahoo ! et AOL.

La Bourse réagit mal

Juan Villalonga, président de Telefónica, sera aussi président de Terra Lycos, et son homologue américain, Robert J. Davis (fondateur de Lycos), deviendra son conseiller délégué. Le nouveau conseil d’administration comptera 14 membres : quatre de Telefónica, trois de Lycos et sept indépendants. Le siège social (et fiscal) se situera en Espagne et le centre des opérations aux ...tats-Unis. Selon toute vraisemblance, les dirigeants de Telefónica ont opté pour cette solution afin de ne pas s’attirer les foudres du gouvernement espagnol, déjà échaudé par le mariage raté de l’opérateur avec les néerlandais de KPN (lire Fusion bloquée entre Telefónica et KPN). Cette fois-ci, l’exécutif ibérique semble satisfait : "nous n’avons qu’une seule chose à dire : nous sommes très contents", se borne-t-on à déclarer au ministère des Sciences et Technologies. Il n’en est pas de même pour les marchés boursiers, qui ont mal accueilli l’annonce de la fusion. À Madrid, les titres de Terra ont perdu près de 10 % mercredi, tandis qu’à Wall Street, les actions de Lycos chutaient de 12,5 %. Les investisseurs estiment que Terra a payé un prix exagéré pour réaliser cette opération, en achetant l’action Lycos plus du double de son prix.

600 millions de dollars de chiffre d’affaires

"Terra Lycos sera le premier portail global en anglais et en espagnol. Nous serons les numéros un ou deux sur tous les marchés", déclaraient quant à eux, mardi, les dirigeants du nouveau groupe lors d’une conférence de presse qui se tenait à New York. Terra Lycos peut se prévaloir pour l’instant de 60 millions de clients répartis dans 37 pays et espère réaliser un chiffre d’affaires de l’ordre de 600 millions de dollars pour sa première année d’activité. L’accord signé prévoit également l’arrivée d’un troisième acteur : le groupe allemand Bertelsmann, qui sera le principal fournisseur de contenus du nouveau portail, grâce à la création d’une société commune avec une autre filiale de Telefónica.