La municipalité de Tampa, en Floride, s’est dotée un système de vidéosurveillance à reconnaissance faciale. Un dispositif balayant les rues afin d’identifier des individus recherchés par la police.
Un brin inquiétant. La ville de Tampa (Floride) ne lésine pas sur les moyens employés afin d’assurer à ses administrés un calme tout relatif. Depuis vendredi 29 juin, 36 caméras filment en boucle les faits et gestes des piétons qui envahissent chaque soir le quartier de Ybor City, quartier hispanique de Tampa devenu le repaire des noctambules de la cité. Rien de très nouveau... Si ce n’est que la nature de l’attirail sécuritaire choisi par la municipalité de Tampa a de quoi susciter la polémique. Et entretenir la parano - légitime - des défenseurs des libertés individuelles.
Reconnaissance faciale
La nouveauté réside en effet dans l’utilisation combinée de l’enregistrement d’images et d’un logiciel chargé d’analyser des dizaines de traits caractéristiques des visages. C’est le principe du traitement biométrique (à partir de caractéristiques biologiques ou physiologiques) des données. Ici, il s’agit de reconnaissance faciale. Le programme utilisé se nomme FaceIt et a été développé par la société Visionics Corp. Après une numérisation des visages livrés par les 36 caméras, un système informatique les compare automatiquement aux photos d’individus, recherchés par la police, rassemblés au sein d’une base de données... L’utilisation d’un tel procédé de surveillance sur la voie publique est une première mondiale, selon le journal local The Tampa Tribune, qui relate l’évènement dans son édition du dimanche 1er juin. La municipalité de Tampa n’en est pourtant pas à son coup d’essai. En janvier dernier, la ville avait accueilli le Super Bowl, la finale du championnat professionnel de football américain, et les 70 000 spectateurs massés dans les tribunes du stade avaient été, à leur insu, les cobayes d’une technique d’identification similaire.
Mauvais présage
À cette occasion, l’ACLU (American Civil Liberties Union), une organisation américaine garante du respect des libertés individuelles, avait invité les autorités publiques à "exercer un contrôle sur le développement rapide de l’utilisation de systèmes de reconnaissance basés sur l’analyse du visage". Avant d’ajouter, comme un mauvais présage : "Avant que nous devenions une société sous surveillance constante." Un appel loin d’être dénué d’intérêt tant les systèmes d’identification, par le biais de la biométrie, semblent promis à un bel avenir sur la voie publique, comme sur le lieu de travail (lire "le Louvre et sa pointeuse high-tech" dans Transfert n°16, à paraître le 6 juillet). Et l’estampillage "gadget" prête de moins en moins à sourire. Car, demain, gare à vous si votre tronche ne revient pas à une machine.