"Qui va aller devant la justice en disant : ’J’ai acheté des pilules pour faire grossir mon pénis et ça n’a pas marché’ ?"
Kevin Blatt, ancien commercial de HerbalO, pionnier des pilules de croissance sexuelle vendues grâce au spam
Le New York Times consacre une étude fleuve au marché florissant des pilules censées surdimensionner le sexe masculin. Selon le quotidien américain, quelques millions de boîtes sont vendues chaque année par une cinquantaine d’entreprises. Le journal pointe les profits juteux que les apprentis sexologues peuvent espérer en tirer : prix de revient environ 2,50 dollars, prix de vente environ 50 dollars et marketing à moindre coût grâce au recours massif au spam (emails commerciaux non sollicités). Résultat : les profits du secteur dépassent les 100 millions de dollars par an.
Les lois antispam actuellement discutées au Congrès n’effraient guère les vendeurs, qui appliquent la même technique qu’Amazon.com : ils passent par d’innombrables sous-traitants indépendants qui s’occupent pour eux de l’envoi des messages publicitaires. Ces affiliés arrosent tellement large que, parfois, les messages proposant un accroissement significatif de la taille du pénis sont envoyés à des femmes... "Il est impossible pour nous de contrôler tous les aspects de notre marketing", avoue Gil Gerstein, co-président de Eye Five, société californienne qui vend la VP-RX, l’une des pilules les plus connues du secteur.
"C’est Pfizer (le fabricant du Viagra, ndlr) qui a ouvert une brèche, explique Malcolm Casselle, dirigeant de Elima Biotronic, fabricant d’un aphrodisiaque à base de plantes. Les troubles de l’érection se sont retrouvés en prime time à la télévision."
D’abord vendues dans les magazines masculins et les programmes nocturnes de télé-achat, les pilules n’ont pas tardé à gagner une visibilité inespérée. Aujourd’hui, les emails publicitaires titrés "Augmentez l’estime que vous vous portez", ou "Est-ce que la taille compte ?" peuvent même se permettre de ne pas faire directement référence au produit proposé.
Kevin Blatt, ancien commercial de HerbalO, pionnier des pilules de croissance sexuelle, explique la raison pour laquelle ce commerce n’est pas prêt de mollir : "Qui va traîner un fabricant devant la justice en disant : ’J’ai acheté des pilules pour faire grossir mon pénis et ça n’a pas marché’ ?"
E-Mail Hucksterism, Offensive but Effective (New York Times, sur inscription):
http://www.nytimes.com/2003/07/04/b...