L’opérateur téléphonique et fournisseur d’accès Internet OneTel a annoncé la fermeture de son forfait "Paradis des surfeurs" à tous les abonnés qui surfent beaucoup. Est-ce l’épilogue d’une aventure commerciale qui a fait couler beaucoup d’encre ?
 Christophe Pilot |
Fini de jouer. Vendredi 4 août, la direction du fournisseur d’accès Internet OneTel a annoncé qu’elle modifiait son forfait "Paradis des surfeurs". Cette formule très avantageuse - 149 francs par mois pour un surf illimité - se poursuit, mais seulement pour les abonnés qui téléchargent moins de 200 méga-octets (de pages html, de mails, de fichiers, etc.) par mois. Ce seuil dépassé, tous les transferts de données coûteront 1,8 franc par Mo téléchargé. Les abonnés ont quinze jours pour décider s’ils tentent l’aventure ou passent à une formule forfait illimité à 14 centimes la minute. Ils peuvent également choisir de fermer leur compte. Autant dire que OneTel exclut de son "Paradis" tous les gros surfeurs, ceux qui se rendent sur le Web plus de 10 heures par mois en moyenne et vise explicitement une nouvelle cible commerciale : l’"internaute moyen" français, celui qui ne surfe pas plus de 5 heures par mois. Pour les gourmands, OneTel conseille la formule, il est vrai encore assez alléchante, de 14 centimes la minute. La douche était attendue, mais elle est froide.
Des faux "tricheurs"
L’histoire de "Paradis des surfeurs" est celle d’une opération commerciale mal pensée et victime de son succès. "Nous ne nous attendions pas à avoir une telle distribution d’utilisation", admet d’ailleurs le président de Onetel, Michel Rouilleault, sur le site d’information Le "Paradis" de OneTel se change en enfer). Ainsi, à la fin du mois de juillet, OneTel annonçait la suspension du fameux forfait pour lutter, entre autres, contre les fraudeurs, c’est-à-dire ceux qui se connectaient simultanément pour profiter de deux, trois ou dix connexions en n’en payant qu’une seule. Une réaction normale d’un fournisseur d’accès.
Sauf que certains abonnés trichaient malgré eux, en se faisant squatter leur ligne par d’autres ! Il faut dire que, selon l’Association des internautes médiateurs (Adim), le site présentait de graves failles de sécurité, les comptes clients, supposés confidentiels, étant accessibles à tout internaute un peu expérimenté. La direction de OneTel ne dément pas cette incroyable négligence, mais elle a réduit de moitié le nombre de bénéficiaires du forfait "Paradis" (20 000 abonnés au lieu de 40 000, après exclusion des "tricheurs"). Aujourd’hui, il est clair pour de nombreux observateurs que OneTel a prétexté les fraudes - bien réelles - de nombreux abonnés pour mettre fin à un forfait qui lui coûtait les yeux de la tête.
Des pratiques illégales ?
Et l’histoire n’est peut-être pas terminée, car pour goûter aux joies du "Paradis", il fallait que l’internaute choisisse OneTel comme opérateur téléphonique. Or c’est une pratique que d’aucuns considèrent comme contraire aux lois en vigueur, lesquelles répriment la subordination d’un service à l’autre. L’Adim envisage de porter plainte contre l’opérateur, mais a demandé pour le moment à l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) d’arbitrer le différend pour trouver un compromis.