En Allemagne, le fabricant de Nutella, Ferrero, somme trois webmestres utilisant le logiciel Gnutella de fermer, sous menace de procès. Au cas où le public confondrait un site musical avec une pâte à tartiner !
Les sites dits "successeurs de Napster" peuvent sans doute craindre d’être attaqués par l’industrie du disque. Mais dans le cas de Gnutella, la menace est venue d’un ennemi insoupçonné : Nutella ! Le presque homonyme, pourvoyeur de pâte à tartiner chocolat-noisette, est en effet passé à l’action en Allemagne en février dernier. Sa maison-mère, Ferrero, a convoqué devant une cour de Cologne trois webmestres utilisant le célèbre logiciel de pair-à-pair décentralisé (voir schéma ci-contre). Un programme qui permet de s’échanger fichiers musicaux, vidéos et photographiques.
Motif ? Ferrero en a assez que des "millions d’internautes associent la marque" Nutella "avec un conglomérat virtuel de pirates et d’amis de la pornographie infantile", selon les termes de la plainte déposée le 17 janvier, rapportés par le quotidien en ligne allemand Heise online. Sur ce motif, il a sommé Lars Gnollow, Tobias Jülke et Martin Brenner, respectivement propriétaires de Gnutella.de, Newtella.de et Knutella.de, de fermer immédiatement leurs sites, sous peine d’être poursuivis. Gnollow et Jülke ont obtempéré, mais Brenner, qui n’est pas encore passé devant le tribunal, résiste. "Je refuse de céder, sous prétexte qu’ils ont de l’argent et des avocats", explique à Transfert cet informaticien berlinois. "Mon site n’a aucun rapport avec leur chocolat. Je n’arrive pas à croire que la loi allemande aille dans ce sens." Il affirme que Ferrero l’a contacté par e-mail le 5 février, lui demandant de cesser toute activité. "J’ai essayé de négocier, je ne voulais pas céder ce site pour rien. Mais ils n’étaient pas intéressés." Le 17 février, il reçoit un deuxième e-mail le convoquant à la cour de Cologne. Aujourd’hui, il se dit indigné, mais avoue ne pas avoir assez d’argent pour se payer un avocat en cas de procès. Ferrero Allemagne, pour sa part, ne fait aucun commentaire sur l’affaire.
Des centaines de variantes
Quelle mouche pique donc Nutella pour qu’il attaque des sites reprenant un logiciel aujourd’hui légendaire, né au début de l’année 2000 ? Créé dans les insoupçonnables laboratoires du géant AOL avant sa fusion avec Time-Warner, Gnutella n’appartient à personne. Son code source a été répandu sur le Web par des inconnus (ses créateurs ?) et se trouve donc accessible à tous les internautes. Des centaines de ses variantes coexistent sur le Net. Alors, pourquoi aujourd’hui et pourquoi en Allemagne ? Sans doute faut-il se souvenir que, le 9 janvier, c’est un webzine allemand qui a révélé que des photos pédophiles s’échangeraient sur des réseaux gnutelliens. "L’ami des enfants" Nutella, a dû trouver la pilule un peu dure à avaler. D’autant que le climat judiciaire est plutôt à la répression anti-Naspter en ce moment (aux ...tats-Unis et en Belgique) et donc, par extension, à la répression anti-Gnutella.
Le site de Martin Brenner:
http://board.knutella.de/
L’article de Heise online:
http://www.heise.de/newsticker/data...
Le site de Nutella Allemagne:
http://www.nutella.at/