Napster, Gnutella et d’autres sites de partage de fichiers seraient des lieux d’échange d’images et de vidéos pédophiles, révèle un journal en ligne allemand, qui s’est empressé d’alerter les autorités. Bertelsmann, l’allié de Napster, décline toute responsabilité.
On croyait avoir tout entendu sur Napster, accusé de tous les maux : successivement, qu’il provoquerait la disparition du copyright et la banqueroute des maisons de disque, qu’il mettrait les auteurs-compositeurs sur la paille, et dernièrement, qu’il était le lieu d’échange privilégié des mélomanes nostalgiques du IIIe Reich. Mais la révélation, mardi 9 janvier, d’un journal en ligne allemand, Computer Channel, est d’une autre ampleur : sur Napster, Gnutella et MyNpaster - un opennap (*) de Napster - s’échangeraient des centaines d’images et de vidéos à caractère pédophile, ainsi que des versions pirates de logiciels. De ce fait, tout utilisateur de l’outil pourrait rechercher et télécharger des fichiers aux noms suggestifs, dépassant parfois les 70 mégabits.
Méfiez-vous des "Fleur" et "Potiron"
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"Nous voulions vérifier une rumeur, nous avons été très surpris", raconte Uwe Kauss, rédacteur en chef de Computer Channel, qui dépend du groupe allemand Grüner+Jahr (une filiale de Bertelsmann, lui même allié à... Napster). Vendredi 5 janvier, après leur découverte, trois de ses journalistes ont prévenu la Landeskriminal Amt (LKA) de Bavière, une autorité de police spécialisée, entre autres, dans la traque des pédophiles. La LKA a confirmé à Transfert qu’elle s’était mobilisée sur l’affaire, mais a refusé de la commenter. Depuis, Napster a installé un dispositif qui empêche les internautes de télécharger les images illicites, même si chacun peut toujours trouver leur trace écrite. Quant à Gnutella et MyNapster, tout le monde peut encore aller y downloader ce que bon lui semble. De plus, affirme Uwe Kauss "le filtre installé sur Napster se base sur le nom du fichier, pas sur son contenu. Si le nom n’est pas suggestif, il ne repère rien". Ce qui veut dire que rien n’empêche les réseaux pédophiles de continuer à s’échanger des fichiers sous le nom "Fleur" ou "Potiron".
La vidéo masquée
Cette découverte constitue une surprise, parce que Napster a toujours affirmé qu’aucune vidéo ne pouvait s’échanger sur ses réseaux (contrairement à Gnutella, MyNapster et à beaucoup d’autres sites) réservés en principe aux fichiers musicaux MP3. Mais il est vrai qu’il existe des logiciels comme Wrapster, permettant d’encoder des vidéos ayant l’apparence de fichiers musicaux. L’affaire est d’importance aussi, parce que, jusqu’à présent, jamais les sites de P-to-P (**) n’avaient été désignés comme des zones d’échange de documents pédophiles. Mais chez Bertelsmann, partenaire de Napster, on promet de fermer les comptes de tous les utilisateurs qui ont cherché à télécharger ces coupables documents. Et dans les colonnes de Computer Channel, Bertelsmann, (lié, rappelons-le, à Napster) décline toute responsabilité : les données échangées ne sont pas stockées sur un serveur central, mais sur les disques durs des Napstériens.
(*) Opennap : Site alternatif (Napigator, MyNapster...) inspiré du principe de Napster, mais qui ne dépend pas de l’entreprise californienne.
(**) P-to-P ou peer-to-peer ou pair-à-pair : C’est le partage de fichiers musicaux, vidéo, ou de tout autre type de fichiers entre des internautes connectés sur un même réseau. Un des internautes cherche un fichier, le logiciel pair-à-pair (Napster, Zden, MojoNation...) ira le dénicher dans les disques durs des autres.