...levés au rang de stars de la netéconomie au début de l’année, les incubateurs de start-ups se sont pris les lacets dans le krach boursier. Ils doivent revoir leurs modèles économiques pour sauver leur peau.
Arnaud Gonzague/Transfert |
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Republic Alley, c’est l’adresse où il faut être". En mars dernier, cette formule "branchouille" à souhait sonnait comme un slogan. Des bataillons de jeunes pousses frappaient alors aux portes des incubateurs, ces pépinières de jeunes entreprises de l’Internet. Jacques Chirac en personne endossait les habits de gourou de la netéconomie, le temps d’une visite très médiatique dans les locaux de Republic Alley. Neuf mois plus tard, le soufflé est retombé. De nombreuses jeunes pousses se sont pris une claque lors du krach des valeurs technologiques, qui a pétrifié les investisseurs.
@viso a ainsi fait les frais de ce retournement de tendance, il y a deux semaines (lire
@viso est en rade). L’incubateur de VivendiNet et du japonais Soft Bank, continuera à gérer les projets en cours, mais il n’y aura plus d’investissements. En Grande-Bretagne, Soft Bank a également mis un terme aux activités d’Eventures, l’incubateur qu’il avait lancé avec News Corp. De fait, à l’instar d’@viso et d’eVentures, les incubateurs hébergeant des start-ups connaissent, aujourd’hui, presque autant de revers qu’ils détiennent de participations. Contraints de soutenir à bout de bras leurs rejetons en manque d’argent frais, il leur faut aussi, souvent, lever les fonds qui assureront leur propre survie.
Un modèle séduisant sur le papier
Car les incubateurs privés et indépendants sont eux aussi, et avant tout, des start-ups. Leur modèle consiste, sur le papier, à fournir des services (juridiques, administratifs) et un encadrement à un groupe de jeunes pousses triées sur dossier et hébergées gratuitement sous leur propre toit. Les revenus de l’incubateur proviennent de commissions prélevées sur les levées de fonds de leurs start-ups. Surtout, l’incubateur prend une participation significative (25 à 40%) dans leur capital. La plus-value réalisée par l’incubateur lors des introductions en Bourse de ses protégés est censée lui permettre de couvrir ses dépenses et de réinvestir dans de nouvelles jeunes pousses qui, elles aussi, entreront en Bourse... Ce modèle est séduisant mais l’argent se faisant plus difficile à lever, les incubateurs touchent moins de commissions. Et, avec les reports des introductions en Bourse, ils doivent renoncer à réaliser de rapides plus-values. "Il faut revenir aux sources. Un incubateur a pour mission d’accompagner les start-ups de leur naissance jusqu’à trois années d’existence", insiste Claudine Schmuck, directrice de Global Contact et auteur d’une étude sur 80 acteurs de l’incubation en France. "C’est vrai que dans notre plan de développement, on projetait de sortir du capital de nos participations en 9 mois, maintenant c’est plutôt un an, concède Laurent Edel, fondateur et responsable de la communication de Republic Alley. Et on envisage plutôt de revendre nos participations que de les introduire en Bourse."
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