La joint-venture du japonais Soft Bank et de VivendiNet stoppe ses investissements, se concentre sur les projets existants et ferme ses antennes espagnole et italienne.
"Dans le contexte boursier actuel, @viso se concentre sur les activités en portefeuille. Nous ne souhaitons donc plus investir pour le moment. Et il faudrait bien davantage que la récente remontée du Nasdaq pour nous faire changer d’avis." Daniel Scolan, le directeur général d’@viso, confirme l’information parue lundi 4 décembre dans le journal en ligne BtoBavenue : l’incubateur spécialisé dans l’adaptation européenne de succès américains est en panne. "Nous démentons en revanche les informations sur l’arrêt de nos activités, poursuit Daniel Scolan. Nous attendons seulement des conditions financières plus favorables. Cette décision n’est due en rien à quelque problème opérationnel que ce soit."
En résumé, @viso continuera de gérer les projets existants mais les équipes dédiées au développement de nouveaux projets n’ont plus de raison d’être. La nouvelle a été annoncée la semaine dernière aux équipes espagnole, italienne, et allemande chargées du développement. @viso devrait donc fermer ses portes en Italie et en Espagne. En Allemagne, sept salariés ont déjà quitté l’entreprise et sept autres devraient continuer à gérer les projets en cours. Le bureau néerlandais, quant à lui, ne donne aucun signe de vie. "Aucune de nos sociétés en développement n’utilisait les structures italienne et espagnole. Cela nous conduit à "adapter" ces structures", affirme Daniel Scolan par euphémisme.
115 millions d’euros investis
L’ordre de mettre un terme aux développements d’@viso est venu directement des actionnaires d’@viso, le Français Vivendi - via VivendiNet - et l’investisseur japonais Soft Bank. Ce dernier vient d’ailleurs d’annoncer la cessation des activités d’Eventures, l’incubateur qu’il avait lancé avec News Corp. en Grande-Bretagne. De fait, Soft Bank préfère revenir à ses premières amours, l’investissement très "en amont" dans des start-ups promises à un bel avenir... Et abandonner l’idée de dupliquer en Europe les meilleurs projets de la netéconomie américaine. C’est précisément cette idée du "copier-coller" qui avait conduit à la création au mois de mars 2000 de la coentreprise @viso, avec Vivendi. @viso annonçait à l’époque un objectif d’investissements de 500 millions d’euros "à terme". "À ce jour, nous en sommes à 100 millions de dollars [115 millions d’euros, NDLR]", reconnaît Daniel Scolan. Le compte n’y est pas. Y sera-t-il jamais ? Au lendemain de l’assemblée générale entérinant la création du groupe Vivendi Universal, @viso n’apparaît probablement pas prioritaire pour Jean-Marie Messier. D’autant que les projets d’@viso ont jusqu’ici connu des fortunes diverses.
L’opération un ordinateur par salarié toujours pas verrouillée
À la fin de l’été, la joint-venture a ainsi mis un terme - "à la demande de l’actionnaire américain" - à l’expérience européenne de Buy.com. Selon @viso, les autres entreprises de son portefeuille (E-loan, Evoke, Interliant, Message Media) poursuivent leur bonhomme de chemin européen. Pour People PC, en revanche, la partie n’est pas gagnée. Cette entreprise de "BtoBtoC" fournit aux ...tats-Unis des ordinateurs aux grandes entreprises (Ford, Delta Airlines) qui souhaitent en équiper leurs salariés. Il est prévu que People PC Europe fournisse de la même manière les ordinateurs des salariés de grands groupes européens, à commencer par... Vivendi. L’opération doit démarrer le 1er janvier prochain. Or, après un temps d’hésitation, le directeur général d’@viso reconnaît que le contrat "n’est pas encore totalement verrouillé". Vivendi fait décidément preuve de bien peu de sollicitude à l’égard de son rejeton.