Les Américains n’ont pas confiance en leur gouvernement...
Selon une étude, 54 % des Américains acceptent la cybersurveillance policière des mails "suspects". Quelque 62 % réclament plus de mesures pour protéger leur vie privée des intrusions de l’...tat.
Quel rapport y a-t-il entre cybercriminalité et vie privée ? Aucun, sinon que plus les internautes auront peur des "cybercriminels", plus ils accepteront que les forces de l’ordre rognent sur leur vie privée. Le Pew Internet Project, qui sonde l’opinion publique américaine à propos d’Internet, a ainsi interrogé 2 096 personnes, dont 1 198 internautes, en février dernier. "Vous sentez-vous beaucoup, plutôt, pas trop ou pas du tout concerné par la pédophilie sur Internet ?" 92 % des Américains se déclarent "concernés". ...videmment... Le PEW cite d’ailleurs un récent rapport du FBI qui révélait que le nombre de cas de pédophilie en ligne avait quadruplé entre 1998 et l’an 2000. Logique : plus il y a de connectés, plus les forces de l’ordre traquent les cybercriminels, plus il y a de cas avérés...
Toujours au rayon cybercriminalité, 82 % des personnes interrogées se déclarent préoccupées par le "terrorisme en ligne" (bien que l’on n’ait jamais encore recensé de dégâts matériels ni humains via le Net), 77 % par les risques de piratage informatique, et 87 % par la fraude aux cartes de crédit sur le Net. En août 2000, une autre étude de PEW révélait que 19 % des internautes (et 15 % des Américains) avaient été victimes d’une fraude à la carte bancaire ou encore d’un vol d’identité. Ce dernier point connaît en effet un boom sans précédent puisqu’il est très facile, aux ...tats-Unis, de se procurer les données personnelles de n’importe quel quidam. On notera cependant que 87 % de ces victimes l’avaient été... "hors ligne". Last but not least, la menace qui récolte le moins de suffrages est celle des virus informatiques, avec "seulement" 70 % de citations. 25 % des internautes déclarent pourtant avoir subi les attaques d’un virus.
Carnivore ? Connais pas...
Jusque-là, rien que de très convenu. Ce qui l’est moins, c’est justement le rapport établi entre cybercriminalité et vie privée. En août 2000, une étude du PEW révélait que 84 % des Américains s’inquiétaient de voir des données personnelles les concernant être collectées au fil de leur navigation sur le Net. ...trangement, 72 % d’entre eux ne se souciaient guère de voir leurs mails consultés par des personnes à qui ils ne sont pourtant pas destinés. Il existe pourtant un risque bien réel de voir ses communications surveillées, que ce soit par son employeur, sa famille, ses parents, ses profs, des pirates ou bien encore la police. On pouvait penser que la médiatisation effrénée du Carnivore, l’outil d’interception des communications électroniques du FBI, avait pu contribuer à une meilleure prise de conscience par les Américains des risques liés à la cybersurveillance, notamment policière. Que nenni : seuls 21 % (36 % des internautes et 15 % des non-connectés) affirment avoir entendu parler du Carnivore. Ceux qui en ont entendu parler sont 45 % à l’estimer utile (parce qu’il aide le FBI à traquer les criminels), et 45 % à le considérer comme dangereux (parce qu’il lui permet de pouvoir lire les mails des citoyens ordinaires). Pire, 54 % des Américains sont d’accord pour que le FBI puisse surveiller les courriers électroniques "suspects". Mais, en même temps, 62 % souhaitent que leur vie privée soit mieux protégée de la curiosité des agences gouvernementales. Une véritable crise de confiance envers l’état : en 1988, 41 % des Américains faisaient confiance au gouvernement ; aujourd’hui, ils ne sont plus que 31 %.