L’usurpation d’identité est une vraie plaie aux ...tats-Unis. L’absence de protection des données personnelles permet de s’y arroger très facilement l’identité d’un tiers. Abraham Abdallah a ainsi escroqué 217 des 400 personnalités les plus riches du pays.
Tout a commencé en décembre 2000, lorsque la banque Merril Lynch reçoit, par mail, un ordre de transfert de 10 millions de dollars à effectuer vers un compte australien. Contacté par la banque, le propriétaire du compte, Thomas Siebel, fondateur de la célèbre société du même nom, nie être l’auteur de l’opération. Alertés, les policiers s’aperçoivent alors que les deux adresses électriques d’où provenait l’ordre de transfert avaient déjà servi à cinq opérations du même type, aux dépens de cinq autres personnalités tout aussi fortunées. Au fil de leur enquête, les policiers découvrent une vraie-fausse boîte aux lettres répondant au nom de Paul Allen, le cofondateur de Microsoft, commandée au moyen d’un papier à en-tête falsifié et payée avec son numéro de carte bancaire.
400 cibles fortunées
Les policiers s’aperçoivent dans la foulée que de telles vraies-fausses lettres à en-tête de Merrill Lynch, ou encore de Goldman Sachs, avaient servi à commander des rapports à des sociétés de crédit sur leurs clients. Très répandues aux ...tats-Unis, gourmands en cartes de crédit, ces compagnies brassent tout un tas de données "personnelles". Telles que numéro de sécurité sociale, noms de jeune fille des mères de titulaires de comptes, adresses personnelles, numéros de téléphone, numéros de compte en banque, état du portefeuille d’actions, etc. Des informations que les enquêteurs retrouvèrent au domicile de l’auteur présumé de l’escroquerie, consciencieusement annotées en marge des biographies des 400 personnalités les plus fortunées des ...tats-Unis que publie chaque année le magasine Forbes.
Don d’ubiquité
Abraham Abdallah, qui vivait à New York, avait même créé une vraie-fausse boîte vocale sur la côte ouest des ...tats-Unis, pour ceux qui désiraient vérifier auprès de Paul Allen en personne la légitimité de telle ou telle opération bancaire... De même, il n’allait jamais en personne chercher le courrier déposé dans les boîtes aux lettres, demandant à des tiers de le faire à sa place, le tout en vue de brouiller un peu plus les pistes. "Il était partout, prétendant être tout le monde", dit de lui un policier. Un autre explique qu’il y avait "tant de colis envoyés à tant d’adresses différentes en même temps qu’il est impossible de comprendre comment il a pu les suivre tous à la trace en même temps". Sauf à utiliser la puissance d’Internet et des nouvelles technologies bien sûr...
Cuistot new-yorkais
Abraham Abdallah,32 ans, travaillait en fait dans la cuisine d’un restaurant new-yorkais et a été rattrapé par la police à l’occasion de la livraison d’un arsenal complet lui permettant de créer de vraies-fausses cartes bancaires... Cet Arsène Lupin du cyber-monde a débuté sa carrière à l’âge de 18 ans, et avait déjà été condamné à plusieurs années de prison pour escroquerie à la carte bancaire. Il était même apparu comme expert (et criminel repenti) dans une vidéo des années 80 diffusée auprès des compagnies bancaires. Abdallah serait aujourd’hui accusé d’avoir escroqué 217 personnes parmi les plus riches des ...tats-Unis, dont Steven Spielberg, Ted Turner, Ross Perot, Oprah Winfrey, Larry Ellison, Michael Bloomberg ou encore George Soros. Si l’affaire est présentée par le New York Post comme l’une des plus importantes escroqueries en série jamais réalisée grâce aux nouvelles technologies, les failles qu’il a exploitées sont plus "humaines" que technologiques. À défaut d’être un "pirate informatique", c’est surtout un as du social engineering qui a su exploiter la diffusion massive de données personnelles auprès de tout un tas d’intermédiaires.