Philippe Labarde, médiateur de Radio France, à propos de l’éviction de Martin Winckler de la radio publique
En juillet dernier, Martin Winckler avançait que la brusque interruption de ses chroniques matinales sur France Inter était dûe à sa dénonciation des pratiques "malhonnêtes" des laboratoires pharmaceutiques (Lire notre article. Pour preuve, le fait que France Inter avait accordé un droit de réponse au lobby des entreprises du médicament, qui se trouvait alors être justement l’un des annonceurs publicitaires de la station.
Interpellée par de très nombreux auditeurs à ce sujet, et souvent en direct à l’antenne, France Inter se défend aujourd’hui de l’avoir censuré et justifie sa décision en évoquant les pratiques cavalières du chroniqueur et le caractère diffamatoire de certains de ses propos, comme le rapporte le webzine de Martin Winckler.
Le 28 août, Jean Luc Hees, directeur de la chaîne, explique ainsi avoir pris la décision de séparer du chroniqueur en mars, au début de la guerre du Golfe. Winckler, outré de l’interruption de plusieurs chroniques, dont la sienne, avait écrit sur la partie du site web de France Inter qui lui était dévolue : "ça laisse entendre que la guerre est plus importante que ce qui se passe ailleurs, or le Monde et la France ne cessent pas de tourner pour autant".
Estimant ne pas pouvoir travailler longtemps "avec quelqu’un qui pense comme ça", Hees, qui qualifiera Winckler de "petit médecin mégalomane", juge, lui, que "la guerre en Irak était très importante, et plus importante d’ailleurs que n’importe quelle pensée de n’importe quel chroniqueur attaché à l’antenne de France Inter".
L’affaire se corse avec les propos de Winckler sur l’industrie du médicament : le service juridique estime en effet qu’ils relèvent de la diffamation, et que France Inter risque fort de perdre en cas de procès. Pour Jean-Luc Hees, qui défend "l’honneur d’une chaîne", c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : "personne sur cette antenne n’est autorisé à diffamer qui que ce soit, c’est une règle absolue et c’est la seule règle, enfin c’est le seul moment où j’interviens et où vraiment je me fâche."
Philippe Labarde, médiateur de Radio France, estime, pour sa part, que "la direction a manqué de doigté et que des maladresses (ont été) commises", tout en reconnaissant qu’elle a été "profondément blessée" par l’"atteinte à l’honneur" qui lui a été faite.
S’adressant à "ceux qui sont convaincus que Martin Winckler a vu sa tête coupée pour être offert aux laboratoires pharmaceutiques", le médiateur avance qu"il y avait un deal simple (...) : je vous échange le retrait de votre droit de réponse contre le non-renouvellement de la chronique de Winckler." Or, non seulement la chronique a été supprimée, mais le droit de réponse a effectivement été diffusé.
Rappelant "qu’en radio, le droit de réponse est quelque chose de tout à fait exceptionnel", et que c’était la première fois que cela arrivait à Jean-Luc Hees, Labarde rapporte que cela l’a rendu "furieux (...) parce que passer un droit de réponse, c’est tout simplement avouer qu’on n’a pas fait son boulot".
Sur son site, France Inter a depuis retiré toute référence à Martin Winckler et ne soutiendra pas, contrairement à son habitude, la publication papier de ses chroniques.
Pourquoi France Inter a viré Martin Winckler (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9132
Jean-Luc Hees et Bertrand Vannier s’expliquent!
http://www.martinwinckler.com/artic...
La retranscription des propos de Philippe Labarde:
http://www.martinwinckler.com/artic...