Les responsables de la succursale de la Deutsche Bank à Barcelone étaient entendus par la justice catalane hier. Certains ont avoué espionner systématiquement les mails des employés.
" J’ai reçu l’ordre d’imprimer tous les mails envoyés par ce salarié ". Le directeur informatique de la succursale catalane de la Deutsche Bank, Albert Faulín, aurait avoué hier à un juge de Barcelone que " la banque garde une copie de tous les mails envoyés par ses salariés ", révèle aujourd’hui le quotidien madrilène El Mundo. Rappel des faits. Tout commence en décembre 99, quand Gregorio Giménez, employé depuis 1971, est licencié pour faute grave. Motif : envoi massif de mails persos. La réalité : 140 messages sans lien avec son travail, envoyés en cinq semaines. L’employé conteste, mais le Tribunal supérieur de justice de Barcelone confirme le licenciement un an plus tard, en décembre 2000. Gregorio Giménez poursuit alors au pénal les dirigeants espagnols de la banque pour " violation de son intimité ". Plainte acceptée. Le directeur de la succursale, son adjoint, le DRH et le directeur informatique sont convoqués chez un juge.
Versions divergentes
Entendus hier les uns après les autres, les responsables ne semblent pas avoir accordé leurs violons et les versions divergent. Au départ, tout le monde nie. Puis, le directeur informatique lâche le morceau : oui, il y a de l’espionnage de mails. Finalement, la direction de la banque admet surveiller attentivement les boîte mails des employés, à bon droit. " Tous les employés ont signé une charte informatique stipulant qu’ils n’ont pas le droit d’utiliser le mail à des fins personnelles. Le courrier électronique est un outil de travail ", déclare le DRH. Ce que conteste l’avocat de Gregorio Giménez. Carlos Sánchez Almeida, l’un des responsables du site Kriptopólis, qui mène la révolte contre la LSI espagnole, estime que " les machines, les ordinateurs sont des outils appartenant à l’entreprise, mais pas le mail, qui est sous la responsabilité des employés ". D’après les révélations d’El Mundo, le DRH aurait finalement déclaré avoir demandé au directeur informatique d’imprimer les mails envoyés par Gregorio Giménez, : " j’ai consulté mes supérieurs avant " dit-il. Des supérieurs qui, eux, continuent à nier toute implication dans l’ affaire. Bref, le juge a encore du travail. Une seule chose est sûre, les quatre responsables risquent une peine pouvant aller jusqu’à 7 ans de prison.