Dès septembre, les fournisseurs d’accès vont pouvoir proposer des forfaits illimités aux alentours de 180 francs. C’est la conséquence de l’accord entre l’Autorité de Régulation des Télécommunications et France Télécom sur un tarif d’interconnexion forfaitaire à Internet.
La rentrée va être chaude. En septembre, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) devraient pouvoir proposer des forfaits illimités à moins de 200 francs par mois (environ 180 francs). C’est le résultat de l’accord intervenu le 6 avril entre France Télécom et l’Autorité de régulation des télécommunications (ART). L’opérateur historique accepte de mettre en place une interconnexion forfaitaire pour les FAI : 145 000 francs par an pour un accès de 2 Mbits/s. "Cette offre va permettre de proposer aux consommateurs des forfaits indépendants du nombre et de la durée des connexions à des prix à la fois propres à stimuler l’usage d’Internet au sein du grand public et économiquement viables pour les offreurs", a commenté l’ART. Même satisfecit du côté de France Télécom qui a accepté de baisser de 20 000 francs son offre initiale, faite en mars dernier. "C’est une avancée très forte pour l’Internet illimité en France et nous nous réjouissons d’avoir été moteur sur cette affaire", a expliqué Patrick Thielemans, porte-parole de l’opérateur. Les vœux du gouvernement sont ainsi exaucés. Laurent Fabius, ministre de l’...conomie, Christian Pierret, secrétaire d’...tat à l’Industrie et même le Premier ministre, Lionel Jospin, s’étaient déclarés pour un forfait illimité inférieur à la moyenne européenne de 200 francs par mois. Chez World Online, on reste prudent sur le prix public de 180 francs annoncés par l’ART qui reste "une extrapolation". "Nous n’avons pas l’intégralité des informations nécessaires à la fixation de ce prix. Les 145 000 francs proposés par France Télécom concernent l’interconnexion au commutateur des abonnés et non au commutateur de transit auquel sont raccordés les opérateurs alternatifs", détaille Jean-Michel Soulier, PDG de World Online France. Néanmoins, il confirme disposer d’une offre illimitée prête à être lancée dès septembre.
Attentisme de mise
L’avancée est donc de taille pour les FAI installés en France. Jusqu’ici ils payaient France Télécom à la minute consommée par l’internaute (entre 4 et 6 centimes), rendant impossible le développement de forfaits illimités viables économiquement. En effet, au-delà de 50 heures de connexion, le FAI y était de sa poche. Et les internautes qui ont souscrit ce genre de forfaits ont largement dépassé des 50 heures de connexion. World Online, Freesurf et Onetel s’y sont cassé les dents au cours de l’année 2000. Un seul a tenu bon : AOL. Le leader mondial de l’accès Internet avait les reins solides financièrement pour tenir une offre non rentable, mais pas les capacités techniques. Les premiers mois ont été une véritable galère pour ses abonnés qui ont dû faire avec les déconnexions intempestives et les sessions de 30 minutes. Exaspérés, certains ont même décidé d’attaquer AOL en justice pour publicité mensongère, suivi en cela par l’association de consommateurs UFC-Que choisir. Stéphane Treppoz, le PDG, s’est alors fait le porte-drapeau d’un lobbying pour l’Interconnexion forfaitaire illimitée (IFI). Explications de texte chez les députés, pétition en pleine page dans les quotidiens, site internet dédié à l’IFI, AOL y a mis les moyens et finalement, cela paye. Avec un peu de retard puisque le fournisseur d’accès aurait aimé une interconnexion forfaitaire pour la fête de l’Internet en mars. De plus, AOL avait fixé un tarif annuel de 101 000 francs, lors des tables rondes avec l’ART. Mais qu’importe, le fournisseur d’accès a désormais d’énormes avantages sur ses concurrents : une offre lancée depuis quelques mois, des dizaines de milliers de clients et une expérience des problèmes techniques. Tous les rivaux ne semblent d’ailleurs pas prêts à se lancer tout de suite sur le créneau de l’illimité. L’attentisme est de mise. Chez Liberty Surf, on confirme juste que le forfait illimité est en cours de réflexion. Chez Infonie, que des possibilités sont étudiées, mais qu’aucun projet très concret ne sortira dans les prochaines semaines. Leur souci : qui va dégainer le premier ?