La modernisation de l’administration et la détente des relations avec les syndicats va passer par le web. Au programme : l’ouverture d’intranets syndicaux dans tous les ministères.
Courteline, réveille - toi, ils sont devenus fous ! Qui ça ? Ceux qui président aux destinées de l’administration française. Ceux avec des manches de lustrine et des petites habitudes rétrécies, oui, ceux-là : ils annoncent qu’ils vont inventer le web syndical. Une blague ? Que nenni. Ce matin même, mardi 19 juin 2001, les débats sur le sujet étaient tellement prenants que le ministre de la fonction publique et de la réforme de l’Etat, Michel Sapin, est resté coincé plus que de raison à la réunion de la commission de modernisation du service public. Ça ne vous passionne pas ? Vous avez tort.
Car, pour une fois, l’administration a un TGV d’avance sur l’entreprise privée. Elle vient de lancer et de faire approuver par les_ ô combien _ pointilleuses organisations de son secteur, une charte d’utilisation du web pour les syndicats, les syndiqués et tutti quanti . Pendant ce temps là, dans le privé leurs homologues se font étriller l’échine pour avoir eu recours à l’e-mail pour communiquer au sein de leurs entreprises(Lire les articles de Transfert : Pas d’e-mail syndical et Technip censure son intranet syndical). Ou pour avoir enfreint la charte d’utilisation en vigueur, quand il y en a une. Or il y en a peu. Dans le secteur public, il faudra aussi que, un ministère après l’autre, on valide de tels documents. Ce ne sera pas une mince affaire. Mais les bases adoptées pour l’ensemble de la fonction publique constituent déjà une solide trame. " Beaucoup plus avancée quez ce qui existe aujourd’hui dans le privé " se félicite Godefroy Beauvallet, conseiller NTIC de Michel Sapin.
Pas d’interpellation des responsables hiérarchiques
Qu’on en juge. Le cadre d’"utilisation des technologies de l’information et de la communication par les organisations syndicales " fait l’objet de recommandations assez ébouriffantes. Mise à disposition de matériel informatique dans les locaux syndicaux, connexion gratuite au réseau interne, accès à l’internet autant que possible, hébergement des sites syndicaux sur l’intranet de l’administration. Formation fournie. Possibilité de créer de listes de diffusion. Modération des forums à la charge des syndicats. Confidentialité des données assurées, y compris par cryptage. Boîtes aux lettres syndicales et listes de diffusion. Et deux limitations d’usage : la nécessité d’un bon comportement, plus, tout de même, l’interdiction de " l’interpellation des responsables hiérarchiques " par le biais de messages électroniques. On n’est jamais trop prudent.
Il faudra, cependant, un peu de temps pour que ce meilleur des mondes syndicaux virtuel voie le jour. Car son développement, ministère par ministère, devra faire l’objet de négociations locales. Et surtout, l’inégalité de l’équipement en NTIC des différentes administrations risquera de ralentir le mouvement. Les quelques bons élèves _ l’Intérieur, la Culture, les services du Premier ministre, la Caisse des dépôts, l’Equipement_ s’en sortiront mieux que les traînards. Le coût de l’opération pour le budget de l’Etat n’a, à ce jour, pas encore été évalué.
Le communiqué du ministère de la fonction publique
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