transfert.net./ Inde : l'appel du Réseau

Interview

”Plus de 50 % des dons se font en ligne”

La webmestre du site de la Croix-Rouge française, Agnès Lesage, explique comment le Web est devenu un outil spécifique dans la gestion de crise comme celle du séisme en Inde.

Recherche anthropologue américaine. Judy Frater vit à Bhuj." Le message est signé Yuval Amir, un Israélien en quête d’informations concernant une amie vivant en Inde. Le message est daté du 1er février 2001. "Deux jours après le tremblement de terre, j’ai posté un message sur le site de CNN, puis un autre sur un forum de discussions local. Deux jours plus tard, un message sur le forum me confirmait que mon amie était saine et sauve." Une démarche dictée par les évènements. "Lorsque nous avons appris la nouvelle, nous avons tenté de joindre les personnes que nous connaissions mais nous ne pouvions contacter nos amis à Kutch [épicentre du séisme, NDRL] et Bhuj" poursuit-il.

Cet internaute israélien n’est pas un cas isolé. Sur l’un des forums dédiés à ce type de messages, les demandes d’informations de proches restés sans nouvelles regorgent. Lignes téléphoniques coupées, numéros de cellules d’urgence saturés : l’état des réseaux de télécommunications de l’...tat du Gujarat, dévasté vendredi 26 janvier par un tremblement de terre de magnitude 7,9 sur l’échelle de Richter et qui a fait des milliers de victimes, empêche les informations de circuler entre les victimes et leurs proches à l’étranger. De plus en plus de familles se reportent sur l’Internet.

Lignes téléphoniques saturées

Les messages de ce type se multiplient dans des forums de discussions dédiés.

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"J’étais sans nouvelles d’un membre de ma famille qui vit en Inde depuis quelques années. J’ai d’abord essayé d’obtenir des informations par le biais de canaux habituels, comme la Croix-Rouge. Mais en raison de l’ampleur de cette tragédie, les informations étaient très difficiles à obtenir. J’ai donc posté un message sur un forum local" explique une américaine, Linda Jardine. Même son de cloche chez Véronique Pardo, une Française qui a, elle aussi, posté plusieurs messages sur ce forum. "J’ai pas mal utilisé le Net à l’occasion de ce tremblement de terre vu que les lignes téléphoniques sont fortement saturées et que contacter les ONG en France demande une grande réserve de bonne humeur. En effet, l’accueil réservé n’est pas toujours à la hauteur du message véhiculé. J’ai donc abandonné le téléphone après une trentaine d’appels - ONG, ministère, ambassades." Pour le moment, Véronique n’a pas eu de réponses à son appel. Hormis un numéro de téléphone local pour se renseigner. Depuis le séisme, de nombreux sites indiens ont multiplié les initiatives pour permettre à ceux qui ont survécu à la catastrophe d’entrer en contact avec leurs proches.

Mails de la main à la main

Ainsi, l’un des plus importants fournisseurs d’accès au Net en Inde, Satyam Infoway, met à la disposition des habitants des ordinateurs connectés dans un centre situé en face de ses bureaux à Ahmedabad, la principale ville commerciale du Gujarat. Les habitants d’Ahmedabad peuvent donc envoyer gratuitement, 24 heures sur 24, des mails pour informer leur famille à l’étranger. "Nous pensons qu’Internet est la manière la plus efficace pour communiquer et construire des communautés. Nous l’utilisons pour aider nos frères du Gujarat" explique David Apassamy, vice-président de Satyam Infoway. La société a également créé, sur son portail d’accès sify.com, six adresses électroniques correspondant à six villes de l’...tat touchées par le tremblement de terre. Le principe de ce service d’aide est simple : "les familles envoient des courriers électroniques sur ses adresses, en précisant le nom, l’adresse et le numéro de téléphone de leurs proches habitant la ville. Nous téléchargeons ces messages et les remettons de la main à la main par le biais des services de courriers locaux. Vendredi, nous avons reçu plus d’une centaine de mails." Selon David Apassamy, les messages sont parvenus à leurs destinataires dans plus de 50 % des cas.

Liste des victimes hospitalisées

Sur le site panjokutch.com, un moteur de recherche permet de scruter les noms des patients admis dans différents hôpitaux.
DR
La plupart des grands sites indiens proposent également des liens sur des sites d’associations humanitaires qui proposent des dons en ligne. D’autres ont décidé de monter leur propre structure. C’est le cas du site de VRTI (Institut de formation et de recherche Vivekananda) : un organisme indien qui milite en faveur du développement économique et social des zones rurales du Gujarat. Depuis le 3 février, l’Institut a créé son propre service de dons en ligne. "Le concept de donations en ligne est un phénomène récent en Inde. Il sera peut-être utilisé de manière très répandue, pour la première fois, dans l’aide aux victimes de ce tremblement de terre" confie l’un des membres du conseil d’administration, Ashwin Shroff. Surtout en considérant l’importance de la communauté indienne expatriée à l’étranger, notamment dans le secteur hi-tech de la Silicon Valley. Le site nasscom.org (Association nationale des sociétés de logiciels et de services) qui représente les sociétés informatiques indiennes appelle les ingénieurs expatriés aux ...tats-Unis à contribuer financièrement à l’aide internationale aux victimes. Plus inquiétant, le site panjokutch.com publie en ligne une liste des victimes hospitalisées dans les hôpitaux de la région. Apparaissent le nom de l’hôpital, quelquefois le village d’origine, un numéro de chambre ou un numéro de téléphone à contacter et les raisons de l’hospitalisation. Au détour d’une page, cette mention : " décédée ".

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