La RIP Bill, qui prévoit de mettre l’Internet anglais sous haute surveillance électronique, est contestée par la quasi-totalité des acteurs du high-tech britannique.
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La loi, qui doit être une dernière fois validée par la chambre des Communes, ne devrait guère être modifiée depuis son passage, la semaine dernière, à la Chambre des Lords. Ceux-ci avaient légèrement infléchi la teneur de la RIP Bill (lire
Big Brother loge à Big Ben), sans pour autant parvenir à calmer l’ire de ceux qui la contestent. La simple lecture de la page que lui a consacrée la Foundation for Information Policy Research donne le tournis (plus de 500 articles), et permet de mesurer l’ampleur du problème : fait rare, les journalistes ont ainsi, et dans leur grande majorité (du
Financial Times au
Guardian en passant par
The Independant ou le
Sunday Times) pris fait et cause contre ce projet de loi surnommé Big Browser par ses détracteurs. Même résistance du côté des professionnels du high-tech : un rapport, commandé par la Chambre de commerce anglaise, a ainsi pointé les nombreux risques et dysfonctionnements pour l’avenir de la nouvelle économie anglaise, qu’il s’agisse des surcoûts engendrés par la mise en place de l’infrastructure technologique de surveillance, en passant par la fuite de capitaux, sinon d’entreprises. Quatre fournisseurs d’accès (Poptel, Claranet, GreenNet et PsiNet, l’un des leaders mondiaux), ont ainsi annoncé leur intention de quitter l’Angletterre si la loi venait à passer. Un groupe d’experts en sécurité informatique vient par ailleurs d’annoncer la publication d’un mémo détaillant par le menu comment échapper techniquement à la RIP Bill...
Les VIP anti RIP Bill
Même la Data Protection Commission, équivalent britannique de la CNIL, en plein bras de fer avec les services secrets anglais pour qu’ils se conforment à la loi - à savoir autoriser les citoyens à accéder à leur fichier - a fait part de ses réserves face à une loi qu’elle trouve "disproportionnée". Selon Elizabeth France, sa représentante, la RIP Bill irait à l’encontre de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit la présomption d’innocence et interdit l’auto-incrimination. Or, le projet de loi prévoit de surveiller tous les internautes et les oblige à révéler le mot de passe de leur clé de cryptographie, faisant d’eux des présumés coupables devant apporter la preuve de leur culpabilité... Une lettre ouverte, demandant au gouvernement l’abandon de Big Browser, a été co-signée par Privacy International (organisateurs des Big Brothers Awards), mais aussi Amnesty International, Telecommunications Managers Association, Esther Dyson (très influente présidente de l’ICANN), les First Tuesday, l’Union nationale des journalistes et la Société des éditeurs, l’Internet Society (Angleterre), sans compter les associations de défense des droits de l’homme et de lutte contre la censure, ou encore Duncan Campbell (le journaliste qui a révélé l’existence Echelon), et même le fils de Georges Orwell, auteur du fameux 1984, et donc de l’expression Big Brother.
Foundation for Information Policy Research
http://www.fipr.org/rip/