En 1999, l’Australie décidait de censurer l’internet. En 2000, 491 plaintes ont été enregistrées, mais seules 22 concernaient des sites australiens.
L’Australie est, depuis le 1er janvier 2000, le premier pays industrialisé à censurer l’internet (voir le rapport Transfert/RSF : ). L’Australian Broadcast Authorithy,(ABA) équivalent australien du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel français, invite ainsi les citoyens, comme le prévoit la loi, à se plaindre de l’existence de contenus adultes, sexuels, offensants ou illégaux sur l’internet. D’après le rapport qu’il vient de publier, 491 plaintes ont ainsi été portées à sa connaissance en l’an 2000, mais seules 22 d’entre-elles concernaient des contenus hébergés en Australie, et donc soumises à sa législation. 95 % des efforts de l’ABA se portent ainsi sur des sites hébergés à l’étranger. Il s’agit ensuite de les identifier avant d’informer les fournisseurs d’accès, tenus de bloquer la connexion. L’Electronic Frontier Australia, qui n’a de cesse de dénoncer l’absurdité de cette "régulation" de l’internet, tente depuis des mois d’obtenir plus d’informations sur les sites incriminés, ainsi que sur les suites judiciaires données à ces affaires. En vain : le gouvernement ne semble guère vouloir communiquer à ce propos.
Ainsi, plusieurs des cas litigieux porteraient sur des messages postés sur des newsgroups, mais rien n’indique que les messages incriminés aient été postés depuis l’Australie. Sans oublier le fait que ces forums ont la particularité d’être "mirrorés" dans le monde entier, autrement dit : ils ont beau être censurés par les prestataires australiens, ils seront toujours disponibles auprès des serveurs de news étrangers. Un grand nombre de sites avaient ainsi, au moment de la loi, déménagé leurs serveurs à l’étranger, ce que peuvent également faire, en toute légalité, les sites censurés par l’ABA. D’autre part, une bonne partie des cas litigieux se référeraient à la pédophilie en ligne. Mais la loi classifie comme pédophile toute image suggestive d’adulte évoquant l’attitude d’un enfant de moins de 16 ans... L’EFA note également que le site "NetAlert", créé tout spécialement pour aider parents et enfants à surfer de façon " saine ", a coûté la bagatelle de 5,8 millions de francs, mais s’est surtout illustré par la distribution de "magnets" et de tapis de souris (il n’est doté que d’une trentaine de pages). Le coût total de la mise en application de la loi, qualifié par l’EFA d’"inapplicable, inefficace et qui devrait être abrogée", serait de 9.7 millions de francs. L’EFA s’interroge par ailleurs sur la pertinence de confier des missions de police, normalement dévolues aux forces de l’ordre, aux internautes australiens et à l’ABA, connue pour son conservatisme pudibond.
Co-Regulatory Scheme for Internet Content Regulation:
http://www.dcita.gov.au/cgi-bin/gra...
Australia’s Internet Censorship Regime:
http://www.efa.org.au/Analysis/aba_...