Isolée depuis le rachat d’iBazar par eBay, l’entreprise Aucland semble en perdition. Les effectifs ont fondu et Paul Zilk a quitté la présidence du site d’enchères. Le fonds Europatweb a repris les commandes et cherche un repreneur.
Aucland a perdu la bataille des enchères en France. Le rachat d’iBazar par le leader mondial des enchères eBay avait déjà signé sa défaite. Aujourd’hui, l’entreprise co-fondée à la fin 1999 par Fabrice Grinda, devenue depuis la propriété d’Europatweb - le fonds d’investissement Internet de Bernard Arnault - semble terrassée. La quasi-totalité des filiales étrangères ont été fermées, les équipes ont rétréci comme une peau de chagrin. Le Journal du Net estime que la société - qui a compté jusqu’à 152 salariés pendant l’année 2000 - n’en emploierait plus qu’une soixantaine actuellement. Plusieurs autres sources précisent, sous couvert d’anonymat, que ce chiffre devrait encore diminuer "significativement" pour atteindre le niveau d’une vingtaine de salariés.
Plusieurs propositions de rachat
Interrogé par Transfert.net, le patron du site d’enchères, Paul Zilk, 44 ans, masque à peine son manque d’enthousiasme et annonce qu’il a quitté la présidence d’Aucland "au printemps", remplacé par Sylvie Fleury, une spécialiste du monde des médias et de la communication. D’après Paul Zilk, c’est désormais Europatweb qui est aux commandes du site d’Aucland, et qui lui cherche un repreneur. Le fonds d’investissement aurait déjà reçu les propositions de plusieurs repreneurs, pas exclusivement acteurs du monde des enchères en ligne. L’idée, pour Aucland, est de vendre sa notoriété et son trafic à une entreprise capable de les transformer en espèces sonnantes et trébuchantes.
Interview de Paul Zilk
Depuis plusieurs mois, Aucland a cessé une partie de ses activités à l’étranger. Pouvez-vous faire le point sur ces fermetures ?
Nous avons totalement fermé nos bureaux et nos sites au Danemark, en Norvège et en Finlande. Nous avons supprimé quinze emplois dans ces pays. En Grande-Bretagne et en Espagne, nous avons fermé les bureaux, supprimant à chaque fois une quinzaine de postes. Les sites sont en revanche maintenus, mais ils sont gérés depuis Paris. L’Italie reste un cas à part pour le moment. Notre marque y est présente, mais elle est exploitée par une entreprise distincte de la nôtre et nous sommes en conflit juridique avec son PDG.
Quelle est la situation en France ?
Nous étions 150 salariés au plus haut, à la mi-2000. Je ne peux pas vous donner le chiffre de nos effectifs français aujourd’hui. Tout ce que je peux vous dire c’est que nous avons gelé les embauches et que nous n’avons pas remplacé systématiquement les gens qui sont partis. Le siège se situe toujours à Paris, la direction technique et le service clientèle à Sophia-Antipolis.
Comment évolue votre chiffre d’affaires ?
C’est une donnée confidentielle. Je peux vous dire que nous comptons un million de membres inscrits, tous pays confondus. Notre activité est stable : le site propose 125 000 objets à la vente, avec un taux de transformation de 30 %. Quant à notre situation financière, nous avons une trésorerie suffisante pour poursuivre nos activités.
Comptez-vous rester à la tête de l’entreprise ?
J’ai démissionné de mes fonctions d’administrateur et de président d’Aucland il y a un peu plus de deux mois. J’ai demandé à redevenir directeur général, comme avant le départ de Fabrice Grinda. Les deux autres administrateurs - représentants d’Europatweb - ont accepté. Je suis toujours dans la société, mais je souhaite tenter une nouvelle expérience. Dans ma carrière, j’ai toujours cherché à travailler sur des projets en forte croissance.
Envisagez-vous un rachat des activités d’Aucland par un concurrent ?
Depuis le mois de juin 2000, nous réfléchissons beaucoup avec Europatweb. Nous avons envisagé des partenariats extérieurs. Aujourd’hui, nous avons logiquement deux solutions. Soit continuer seuls avec des moyens modestes, en essayant de nous différencier de nos concurrents. Soit trouver un partenaire pour Aucland.
Les partenaires potentiels ne sont plus très nombreux... QXL ? iBazar ?
QXL est le type de candidat logique avec lequel nous pouvons opérer ce type de rapprochement. Mais je ne peux ni confirmer ni infirmer la tenue de discussions entre nous. De la même façon, on ne peut pas exclure un rapprochement avec iBazar. Ça paraîtrait logique pour atteindre la taille critique sur un marché toujours en croissance.