Le Figaro tombe dans le piège
C’est le Figaro qui reprendra son argumentation, dans son édition datée du 27 mai dernier. Un journaliste maison, Max Clos, reprend la dialectique d’Avenir de la culture. " Je n’ai pas vu cette émission (sic), rapporte-t-il, mais je n’ai aucune raison de mettre en doute les faits rapportés. " Aucune raison, vraiment ? Il se rétracte pourtant quelques jours plus tard (le 4 mai) : " Plusieurs lecteurs protestent, affirmant qu’Avenir de la culture est une secte, explique-t-il dans les mêmes colonnes. M. Jacques Trouslard, ancien vicaire général du diocèse de Soissons et délégué à la documentation sur les sectes, partage cette opinion ". Ce n’est pas une nouveauté. Un article publié en juin 1991 dans un numéro de " la Vie " dénonçait déjà les pratiques d’Avenir de la culture qui s’en prenait à l’époque au " climat de vulgarité et d’abêtissement " qui régnerait sur les chaînes de télés. Mêmes méthodes, mêmes mailings ciblés. À l’époque, le même père Trouslard expliquait qu’Avenir de la culture est une émanation de " Tradition Famille Propriété " (TFP), une secte brésilienne connue.
Financement occulte
Avenir de la culture a d’ailleurs raison d’interpeller les députés : ceux-ci n’auront qu’à effectuer une recherche sur le nom de " l’association " sur le site de l’Assemblée Nationale. Le résultat pourrait les surprendre : une liste de six documents, dont trois sont intitulés " rapport d’enquête sur les sectes ", " les sectes et l’argent ", et " situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes ". On y trouve quelques détails intéressants sur le mouvement TFP : " cette secte d’origine brésilienne, créée par M.P.C de Oliviera et proche de l’extrême droite, s’est enrichie en organisant une vaste chaîne de publipostage qui dénote une parfaite maîtrise des techniques commerciales. Cette chaîne repose sur la constitution de fichiers des personnes les plus réceptives aux messages réactionnaires et intégristes du mouvement, comme les actions destinées à lutter contre " la dégradation morale et culturelle de la télévision " ou l’utilisation du préservatif (...) Cette chaîne a vocation à multiplier géométriquement le produit des dons. Pour la réaliser, la branche française de la secte s’appuie sur trois structures : deux associations (Tradition Famille Propriété et Avenir de la culture) et un groupement d’intérêt économique (L’Européenne des médias) regroupés en réseau. Le rapport " Les sectes et l’argent " nous apprend, pour sa part, que " les revenus distribués de manière occultes atteignent (...) 2,7 millions de francs pour Avenir de la culture " entre 1990 et 1992. Avec Internet, cette dernière semble avoir trouvé un nouveau moyen de récolter de l’argent. Mais il ne faut pas s’y tromper : le discours censé sauver notre belle jeunesse a bel et bien un but mercantile. L’ironie de l’histoire, c’est que tasanté.com, qui recevait des dossiers de presse de la part de l’...glise de scientologie a mis en ligne, il y a quinze jours, un article mettant les ados en garde contre les sectes. Aujourd’hui, tasanté.com se réserve la possibilité " de donner une suite judiciaire à l’affaire ". Visiblement, on n’est jamais trop prudent.