Quand l’Internet apparaissait, Xavier Schallebaum montait le site Web de l’Elysée. Il fallait du courage... Pendant le boom, il travaillait pour une société d’investissement, avant de se reconvertir dans la production éditoriale en ligne, avec Contentis.
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
Fin 1994, un ami a voulu me montrer un site amateur consacré aux Guignols.
Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
Parce qu’il suffisait de surfer pour comprendre l’étendue du potentiel du Net. Et comme personne ne surfait, ou presque, c’était d’autant plus excitant de se retrouver en terrain vierge et de contribuer à démocratiser ce nouvel outil. Le déclic, c’est quand je me suis fait un véritable ami par ICQ alors que je ne l’avais jamais vu et qu’il habitait à 13 000 km de moi.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Quand j’ai vu les premières cartes de visite avec l’e-mail à la place du fax.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Je l’ai pleinement vécue puisque je m’occupais des nouvelles technologies à l’Elysée et j’ai commencé l’année 2000 comme capital risqueur. Dans les deux cas, j’ai rencontré de nombreuses start-ups. Cette période, bien qu’extrême, a donné à de nombreux jeunes le goût du risque et l’envie d’entreprendre. Rien que pour ça, ce fut donc une période très positive.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Tout le monde a voulu participer à l’essor d’Internet. Les success stories et les parcours boursiers exponentiels étaient fortement médiatisés. Le potentiel du Net paraissait illimité. Nous n’avions pas de référence historique comparable pour rester raisonnables.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Dans le microcosme, la chute de Boo, dans le grand public, la chute des valeurs technologiques sur toutes les places boursières du monde.
Que faites-vous aujourd’hui ?
J’ai créé Contentis, ma société de conseil en stratégie et suis également vice-président de Point Virgule, première agence de relations presse indépendante dans les NTIC.
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Toujours. L’énorme potentiel du départ reste le même, mais, en plus, il y a de plus en plus de particuliers et d’entreprises connectés et chacun dispose maintenant d’une liste des erreurs à ne plus commettre.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Oui, je crois au commerce en ligne à trois conditions : plus de sécurité dans les transactions, plus de rapidité et plus de convivialité pour le client. Le Web non marchand va permettre de nouvelles formes de militantisme et de nouvelles formes de communication. Sans démagogie, le Web permet à des minorités de s’exprimer, encore faut-il que ces minorités aient accès au Net...
Comment voyez-vous les années à venir ?
Le pouvoir politique perdra encore plus de pouvoir au profit des grands groupes internationaux du type Universal. Le pouvoir de contestation n’appartiendra plus aux syndicats et autres organismes « officiels » mais aux groupes qui sauront se fédérer rapidement pour défendre des causes et des intérêts de façon très réactive, à l’image du mouvement anti-mondialisation. En résumé, les nouvelles technologies entraînent une véritable mutation de l’organisation de notre société.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la « netéconomie » ?
Plus qu’au terme même de la netéconomie, je crois surtout à la création de richesses, engendrée par l’émergence des nouvelles technologies. Combien d’emplois ont été créés grâce au Net, combien de brevets ont été déposés grâce au numérique...
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
L’arrivée de l’UMTS qui devrait permettre un vrai décollage de l’Internet mobile et peut-être, un jour, un standard mondial de sécurisation des données qui peut rendre la confiance aux cyberconsommateurs.