Lâché par Bertelsmann, nFactory a déposé le bilan. La start-up va attaquer le groupe allemand.
Que s’est-il donc passé pour que nFactory, le spécialiste français de la syndication de contenus sur Internet, dépose le bilan, lundi 30 avril 2001, un mois après avoir été racheté par Bertelsmann ? " Ils ne sont tout simplement pas venu au rendez-vous prévu pour clôturer le deal ", explique Guillaume Besse. Le PDG de nFactory peine encore à croire à ce scénario cauchemardesque.
Négociations vite menées
C’est pourtant le géant allemand des médias qui avait fait le premier pas, en prenant contact avec nFactory en décembre 2000. " Mi-janvier, nous avons signé avec eux une lettre d’intention exclusive qui nous interdisait de poursuivre les négociations avec d’autres repreneurs ou investisseurs potentiels ", raconte Guillaume Besse. Dès le 25 janvier, Bertelsmann se félicite dans un communiqué de presse de cette acquisition renforçant son pôle Bertelsmann Content Network. Le 21 mars, nFactory signe un contrat pour se revendre, par échange d’actions, à l’américain iSyndicate Inc. et à iSyndicate Europe (joint-venture à parts égales entre iSyndicate Inc. et l’allemand Bertelsmann). Quelques jours plus tard, l’équipe de la start-up française sabre le champagne, le closing de l’accord, destiné à vérifier que chacune des parties a bien rempli ses obligations contractuelles (en termes de transfert d’actions notamment), ne semblant à ce moment-là qu’une pure formalité.
Rapprochement bien engagé
Guillaume Besse et Michael Khoï, le directeur général de nFactory, font régulièrement l’aller-retour avec l’Allemagne pour peaufiner les détails de l’intégration de leur société au sein de iSyndicate Europe. Ils signent même un contrat de travail, prenant normalement effet le 1er mai, puisqu’ils devaient respectivement devenir vice-présidents de la technologie et du marketing de iSyndicate Europe. Pour soutenir nFactory pendant la période de transition, Bertelsmann injecte, sous forme de prêt, quelques millions. Dans le même temps, la charte graphique du site nFactory évolue par petites touches pour se rapprocher de celle de iSyndicate.
Retournement de situation inexpliqué
" Et puis, sans bien en saisir les raisons, nous avons senti un flottement de leur côté. Deux jours avant la réunion de clôture prévue le 17 avril, ils ont demandé à la repousser, et ne s’y sont finalement pas présentés ", relate Guillaume Besse. Depuis, Bertelsmann n’a pas daigné s’expliquer. Contacté par Transfert, un responsable de Bertelsmann Content Network a refusé de commenter ou même de confirmer l’abandon du rapprochement. Rapidement en cessation de paiement, nFactory met ses 85 salariés au courant de la situation le 26 avril et dépose le bilan le 30 avril. " C’est d’autant plus triste qu’en janvier, nous étions en discussions très avancées avec un investisseur financier ", regrette Guillaume Besse.
Liquidation et procès
Le scénario le plus probable désormais pour nFactory est celui d’une liquidation de la société, le passif accumulé (près de douze millions de francs) ne permettant pas d’envisager un plan de redressement. Et Guillaume Besse garde peu d’espoir de trouver un repreneur : " nous cherchons à caser nos équipes et nos actifs par morceaux, puis nous arrêterons l’activité mi-mai et procéderons au licenciement économique des salariés que nous n’aurons pas reclassés d’ici là. " Ensuite commencera une longue bataille juridique.