Un collectif d’associations a lancé Wipout, un contre-feu à une opération de communication de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Un pierre dans le jardin de l’arbitre.
L’idée : reprendre à son compte une opération de communication institutionnelle ...afin de la détourner. Pour les activistes, la méthode a déjà prouvé son efficacité. En mai dernier, l’OMPI (organisation mondiale de la propriété intellectuelle) qui élabore et met en œuvre des normes et des principes internationaux en matière de propriété intellectuelle, lançait un grand concours auprès de la communauté estudiantine. Le thème ? "Que représente la propriété intellectuelle dans votre vie quotidienne ?". Les auteurs des meilleures réflexions (2000 mots) sur le sujet seront récompensé, en avril 2002, à l’occasion de "la journée internationale de la propriété intellectuelle" . Gros lot:1000 francs suisses (environ 4.400F) pour chaque lauréat, dans les six langues de rédaction proposés (anglais, arabe, chinois, espagnol, français ou russe).
C’est également la date choisie par Wipout ( habile détournement du sigle anglais, WIPO), pour remettre les prix de son ‘concours’, un contre-feu allumé par un collectif d’ONG et d’universitaires...La question posée par Wipout est strictement identique à celle du concours organisé par l’OMPI : "Qu’est-ce que la propriété intellectuelle signifie pour vous dans votre vie quotidienne ?". Mais la différence est de taille : le site wipout.net donne la parole aux tenants d’une autre conception de la propriété intellectuelle.
"Les organisateurs de Wipout ne font pas campagne pour l’abolition de la propriété intellectuelle, mais veulent encourager une propriété intellectuelle moins tournée vers les individus ou les sociétés commerciales", souligne le texte explicatif publié sur le site. Wipout bénéficie de soutiens hétéroclites : le magazine en ligne anglais The Register, l’universitaire Noam Chomsky, l’EFF (Electronic Frontier Foundation) américaine, l’ONG indienne The Gene Campaign ou encore le collectif d’Hacktivistes américains RTMark, spécialiste du détournement médiatique. Pour les initiateurs de Wipout, les questions traitées à l’OMPI ne passionnent certes pas l’opinion publique. À tort...Car selon eux, "toute une série d’incidents ont fait naître une prise de conscience publique et un mécontentement liés à la propriété intellectuelle. Comme Napster, le mouvement No LOGo, l’arrêt Dimitri Skylarov (l’informaticien russe jeté en prison aux Etats-Unis, NDLR) ou la discussion sur les médicaments accessibles en Afrique du Sud".