La métropole d’Amiens va entamer le raccordement de ses établissements publics à un réseau local haut débit.
Un réseau local public à haut débit qui raccordera, à partir de février 2002, les quelque 300 établissements publics de la métropole d’Amiens. C’est la philosophie du projet baptisé Phileas Net (en hommage à Jules Verne, conseiller municipal d’Amiens à la fin du XIXe siècle). Phileas Net vise à "favoriser l’échange de tout ce qui peut être numérisé entre les établissements publics de la métropole d’Amiens, qui compte une vingtaine de communes", explique Elena Fieraru, secrétaire générale du syndicat mixte (Conseil général de la Somme, Amiens, Saint-Quentin) à l’origine du projet. "Il s’agit également pour la collectivité de maîtriser les coûts de fonctionnement des échanges entre établissements publics", souligne d’emblée la secrétaire générale. En clair, les pouvoirs publics comptent amortir les investissements par une baisse des coûts de télécommunications entre les établissements. Chaque catégorie (mairies et écoles, hôpitaux, Conseil général de la Somme et collèges, conseil régional et lycées, université, hôpitaux et Chambre de commerce et d’industrie) disposera d’un réseau propre baptisé GFU (groupes fermés d’utilisateurs) destiné à assurer les échanges de données (textes, voix, images). Joseph Moalic, responsable du système d’information du CHU d’Amiens, attend beaucoup de la fibre optique amiénoise : Dès que Phileas Net sera opérationnel, nous disposerons d’un réseau de communication plus performant, avec des débits plus importants. Pour le moment, les établissements hospitaliers d’Amiens sont reliés par des liaisons spécialisées louées à France Télécom. À terme, avec le réseau Phileas Net, nous comptons, par exemple, développer des outils pour échanger de l’imagerie médicale animée." Un intérêt encore renforcé par l’éclatement du CHU d’Amiens en quatre entités géographiquement distinctes (deux hôpitaux, un centre gynécologique et obstétrique et un centre d’ophtalmologie).
Alphabétisation numérique
Le coût de la première phase des travaux qui s’étalera sur neuf mois et qui concerne 89 établissements publics est évalué à 20 millions de francs. Plus des deux tiers seront assumés par la métropole d’Amiens et le Conseil général de la Somme, l’autre tiers sera financé par le Conseil régional de Picardie et d’éventuels fonds européens. Reste l’éternelle question liée à un tel projet : quel usage en feront médecins, élus et enseignants ? "Nous leur offrons une autoroute, mais nous devons également mener une stratégie d’alphabétisation numérique", résume Elena Fieraru. Rouler en 2 CV sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute, c’est vrai que ça fait désordre ! Pour éviter ce genre de désagréments, "l’alphabétisation numérique" en question repose sur l’installation d’une trentaine d’ateliers multimédias dans les communes de la métropole d’Amiens. Pour le moment, les ateliers multimédias (dont les cours sont gratuits) comptent 14 000 inscrits. Sur une population de 166 000 habitants. Ces lieux d’initiation aux nouvelles technologies ont tous été implantés à moins de 300 mètres d’une école... Mais la course à l’alphabétisation numérique n’est pas encore gagnée. "Certains professeurs refusent par exemple que les élèves rendent leurs devoirs rédigés à l’aide d’un traitement texte", explique, lucide, Elena Fieraru. Bref, les tuyaux c’est bien, mais un projet pédagogique, des médecins équipés en informatique, et des élus qui communiquent par mail, c’est toujours mieux.