

4/07/2000 • 21h05

L’œil réparé avec une puce

Pour la première fois, une rétine artificielle a été implantée par des médecins américains dans les yeux de trois aveugles. Il faudra attendre un mois pour évaluer le degré de vision récupéré par les patients.
Leur quête tient du miracle. Trois médecins américains tentent actuellement de rendre la vue à trois volontaires aveugles en plaçant une puce en silicium au fond de leurs yeux. Les opérations ont été réalisées les 28 et 29 juin au Chicago Medical Center et au Central DuPage Hospital de Winfield (Illinois). Les patients sont une femme et deux hommes âgés de 45 à 75 ans, atteints de Retinitis Pigmentosa (un terme générique regroupant plusieurs maladies souvent héréditaires qui affectent les photorécepteurs de la rétine). Tous trois ont pu rentrer chez eux au lendemain de l’intervention. Ils devraient ressentir les premières perceptions visuelles d’ici à un mois, dès que les incisions seront cicatrisées. Mais leur vue sera dans le meilleur des cas très rudimentaire.
3 500 cellules photosensibles
L’équipe chirurgicale était composée de Gholam Peyman, professeur d’ophtalmologie au Tulane University Medical Center, Jose Pulido, professeur d’ophtalmologie à l’Illinois University de Chicago, et Alan Chow, médecin et président de la société Optobionics qui a mis au point la rétine artificielle. Cette puce est composée de 3 500 cellules photosensibles qui convertissent les signaux lumineux en impulsions électriques, comme le capteur d’une caméra numérique. D’un diamètre de 2 mm et d’une épaisseur inférieure à celle d’un cheveu, elle est insérée à l’arrière de la rétine, au contact de cellules encore saines capables de transmettre le signal électrique au cerveau via le nerf optique. Alimentée par la seule lumière, elle ne nécessite pas de batterie externe. Hormis les risques de rejet, cette technique a donc l’avantage d’être peu contraignante.
Œil bionique
D’autres recherches menées notamment par des équipes américaines ont pour objet de relier directement l’implant rétinien au nerf optique. Plus lourdes à mettre en œuvre, ces techniques n’ont pas encore franchi le cap des expérimentations animales et des tests partiels sur l’homme. Mais elles ont l’avantage, en théorie, de traiter un plus grand nombre de pathologies, y compris les cas où toutes les cellules rétiniennes sont déficientes. La rétine artificielle implantée aujourd’hui n’est donc qu’un premier pas vers la mise au point d’un œil bionique sophistiqué, aux performances comparables à celles de l’œil humain.
Présentation du projet Retinal Implant du MIT et d’autres projets similaires:
http://rleweb.mit.edu/retina/
Descriptif de la rétine artificielle d’Optobionics et de l’opération réalisée sur les trois patients.
http://www.optobionics.com/
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