Des chercheurs toulousains préparent un atlas mondial de la société de l’information
Cet outil d’analyse scientifique donnera aussi des repères aux décideurs politiques et aux ONG
Des chercheurs toulousains en géographie préparent un atlas électronique mondial de la société de l’information. Fruit d’une collaboration avec une dizaine d’équipes internationales, ce projet cartographique souhaite souligner la notion de "territoires" dans le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC). L’e-atlas, qui devrait être publié en ligne en janvier 2004, après le Sommet mondial de la société de l’information de Genève, devrait servir d’outil d’aide à la décision pour les responsables politiques internationaux.
Le projet de l’e-atlas est né d’une idée lancée lors du Carrefour mondial de l’internet citoyen à Montréal en septembre 2002. Il est initié par le Groupe de recherches socio-économiques (Gresoc), un laboratoire de l’université de Toulouse-Le Mirail spécialisé dans les rapports entre TIC et aménagement du territoire.
"Trop souvent encore, les TIC sont vues comme une technologie structurante, à l’image des autoroutes, explique Philippe Vidal, le coordonnateur de l’e-atlas. La dimension ’territoire’ est interprétée comme une contrainte, et non comme un atout. Pour nous, le territoire est une variable comme les autres mais qui entraîne des questionnements spécifiques. Par exemple, un espace multimédia public doit-il être le même quel que soit l’endroit où il est implanté ?"
Les TIC en cartes géo-politico-économiques
Pour bâtir cet atlas mondial, les chercheurs du Gresoc veulent agréger toutes sortes de données relatives au développement des TIC. Textes, cartes, photos ou vidéos seront classés en quatre catégories : "politiques publiques ; usages et usagers ; économie ; données chiffrées".
Ces informations seront librement disponibles en ligne, dès le lancement du site. Elles seront notamment proposées sous forme de cartes dynamiques, développées en Flash, et accessibles via une navigation géographique sur quatre niveaux territoriaux : continental, national, régional et local.
Sont également prévues d’autres entrées, comme "Thématique" ou "Formation", qui recensera les cursus universitaires consacrés à ces problématiques. "Carrefour" livrera l’analyse de concepts non directement liés à un contexte spatial tels que "communautés virtuelles" ou "fracture numérique".
Pays riches et pays pauvres impliqués
Les données seront intégrées à la "plateforme technique" e-atlas par un réseau international de contributeurs, baptisés "bureaux régionaux". A ce jour, le Gresoc a noué des partenariats avec sept universités ou instituts de recherche : Hebei (Chine), Ho Chi Minh Ville (Vietnam), Genève (Suisse), Catalogne (Espagne) Tunis (Tunisie), Québec (Canada), Mexico (Mexique). Au Sénégal, le correspondant du Gresoc est l’ONG Enda-Diapol.
Pour les promoteurs du projet, cette prépondérance universitaire s’explique par le double enjeu de l’e-atlas : founir aux chercheurs du monde entier une méthode d’analyse et de comparaison des démarches initiées par les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile ; et donner une visibilité à ces initiatives pour nourrir la réflexion des politiques et des ONG sur les actions à mener.
Le projet s’inscrit naturellement dans la préparation du Sommet mondial de la société de l’information, dont la première phase se déroulera à Genève du 10 au 12 décembre prochain. L’e-atlas bénéficiera ainsi d’un stand lors de la conférence préparatoire du Sommet mondial des villes et des pouvoirs locaux sur la société de l’information, qui se tiendra à Lyon les 4 et 5 décembre. A Genève, le projet fera l’objet d’une courte présentation orale en session plénière.
A l’occasion de ces rencontres, les créateurs de cet atlas mondial espèrent nouer de nouveaux partenariats et trouver des sources de financement, notamment par le biais d’instances onusiennes comme l’Institut des Nations-Unies pour la formation et la recherche (Unitar). Pour l’instant, l’e-atlas qui, à Toulouse, repose sur le travail de quatre chercheurs et d’étudiants de troisième cycle, ne dispose pour 2004 que d’un budget de 40 000 euros.