Un centre de stockage nucléaire choisit le papier "permanent" pour archiver ses données
Mieux que le silicium mais moins bien que le marbre, il conservera les écritures pendant 300 ans
Le Centre d’enfouissement de déchets radiocactifs de la Manche a fermé ses portes.
Tenus d’archiver les informations concernant ces déchets pour une durée minimum 300 ans, ses responsables ont choisi le papier plutôt que l’informatique pour les conserver. Il s’agit d’un papier permanent, utilisable avec une encre résistante.
Rempli à pleine capacité, le centre de stockage de déchets faiblement radioactifs de La Manche, situé à proximité de l’usine de La Hague, vient de fermer définitivement ses portes. Sous ses collines bien entretenues repose un million de tonnes de déchets radioactifs.
Selon le décret n°2003-30 du 10 janvier 2003 qui autorise le centre de la
Manche à passer en phase surveillance, ses responsables doivent réaliser "un classement et un archivage de tous les documents relatifs à l’installation utiles pour maintenir la connaisssance de l’installation et des déchets qui y sont stockés".
13 scénarios d’incidents envisagés
Un des buts de cet archivage : informer les générations futures sur l’existence et le contenu du site de stockage. Nos descendants doivent en effet être capables de remédier aux éventuels problèmes qui peuvent survenir au cours du temps.
L’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), chargée de la gestion de ce centre, a mis en place un système de transmission de ces archives sur 300 ans. L’agence considère que cette période correspond au temps nécessaire pour que ces déchets deviennent inoffensifs.
Dans ces archives, l’Andra répertorie tous les scénarios d’incidents possibles, au nombre de treize au total. Ces données sont complétées par des photos, ou des plans.
Pour conserver ces données sur plusieurs centaines d’années, il a fallu choisir un support solide, à la lisibilité pérenne. Le stockage sur support informatique a vite été écarté.
"Les données d’il y a six ans à peine ne sont déjà plus lisibles avec les ordinateurs d’aujourd’hui, constate Jean-Pierre Vervialle, directeur du centre. Le papier est le meilleur support, comme en témoignent les écrits du Moyen-Age."
Un papier le plus "naturel" possible
Son choix s’est porté sur le papier "permanent", déjà utilisé dans la plupart des administrations françaises.
Chimiquement neutre, ce papier est celui qui se rapproche le plus du papier naturel en cellulose. Il est reconnaissable au symbole mathématique "infini" entouré d’un cercle en filigrane. Une encre spécialement résistante est utilisée.
Chaque document concernant le centre de stockage de la Manche est archivé en deux exemplaires pour éviter la destruction par le feu : l’un au siège de l’Andra, l’autre aux Archives nationales de France à Fontainebleau.
Une fois résolue la question de la conservation des données, les responsables doivent résoudre un autre problème : "Nous devons réfléchir à notre style d’écriture, qui doit être compréhensible pour nos descendants. Pour la langue, nous utilisons le français, mais on nous a suggéré l’anglais ou le latin",
souligne Jean-Pierre Vervialle.
Le centre de stockage de la Manche:
http://www.andra.fr/fra/centres/CM.htm
Le site du Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau:
http://www.archivesnationales.cultu...
La norme internationale qui définit le papier permanent:
http://classes.bnf.fr/dossisup/supp...
Le décret n°2003-30 du 10 janvier 2003:
http://www.andra.fr/pdf/DAC100103.pdf