Une riposte bien orchestrée pour dénoncer la poursuite des adeptes du P2P par la RIAA
Alors que la Recording Industry Association of America (RIAA, le lobby de l’industrie du disque américaine) s’apprête à lancer une deuxième vague de procès à l’encontre des consommateurs de musique piratée, les internautes appellent à un boycott des disques produits par les majors. Un mouvement initié par Jon Newton, créateur du site de Peer to peer P2Pnet, Bill Evans, fondateur et ex-membre de Boycott-RIAA, Homes Wilson et Nicholas Reville, responsables de Downhillbattle.
Lancé sur le site fédérateur stopRIAAlawsuits.com, l’appel au boycott de toutes les musiques éditées par les membres de la RIAA fait suite à la poursuite des internautes par la RIAA.
Le 8 septembre dernier, le lobby des majors du disque a intenté 261 procès contre des utilisateurs des réseaux P2P. 64 d’entre eux, rapporte la RIAA, ont plaidé coupable et choisi la voie d’une conciliation à l’amiable en s’acquittant d’une amende allant de 3.000 $ à 15.000 $.
Une nouvelle vague de procès devrait être lancée en octobre, selon les déclarations faites par Jonathan Lamy, porte-parole de la RIAA, au quotidien The Dartmouth. D’après le quotidien TechWeb, elle concernerait 63 personnes.
Des centaines de millions de CD boycottés
Le boycott démarrera à ce moment là. Le mouvement devrait durer une semaine.
Jon Newton estime que cette vague de protestation pourrait durer bien plus longtemps, car "certaines personnes comptent organiser leurs propres boycotts dans les villes de résidence des futurs persécutés par la RIAA".
Le boycott affectera le millier de membres que compte la RIAA. L’essentiel de ces entités appartient au "Big Five" : BMG, EMI, Sony, Universal Music et Warner. La semaine morte de la musique leur coûtera forcément quelques millions, 95% des 800 millions de CD vendus en 2002 dans le commerce leur appartenant.
Des centaines de milliers d’internautes favorables au boycott
L’appel au boycott est de plus en plus suivi. Le 8 octobre, 76 sites avaient répondu à l’appel. Dix jours plus tard, ils sont 112. Les sites d’information forment une petite majorité d’entre eux.
Combien de boycotteurs potentiels ces sites représentent-ils ? Difficile de le dire. Robert Winkelman, directeur des programmes de la web radio américaine Megarock network, qui soutient l’action anti-RIAA, précise : "Notre site regroupe environ 5 000 membres, mais il s’adresse à une vaste communauté d’auditeurs. J’estime que plus de 300 000 internautes écoutent nos programmes au moins une fois par mois".
"Il y a sans doute beaucoup de personnes qui n’ont pas encore entendu parler de l’initiative mais qui sont favorables à ce boycott" estime Ben Tesch, l’auteur de RIAA-radar.com, un moteur de recherche renseignant sur l’appartenance d’un CD à un membre de la RIAA. Comme Bill Evans, fondateur de Boycott-RIAA, Ben tesh n’a pas attendu l’appel lancé sur stopRIAAlawsuits.com pour ne plus consommer la musique produite par les majors.
Soutien à la musique indé
Le boycott lèsera-t-il également les petits revendeurs ? "Seulement s’ils revendent des disques produits par les Big Five", clame Jon Newton. "Nous n’appelons pas à une action passive, tonne Nicholas Reville, de Downhillbattle. Nous encourageons les gens à acheter et à soutenir la musique indépendante, non-RIAA, durant le boycott".
Comme la RIAA sévit sur le territoire américain, le boycott partira des Etats-Unis. Mais la contestation s’internationalise. Downhillbattle lancera bientôt des forums de discussion dans plusieurs langues. Quant à Jon Newton, il travaille sur un projet de protestation anti-RIAA à vocation internationale.
"Les majors du disque exerceraient les mêmes pressions sur les consommateurs européens s’ils en avaient l’occasion, anticipe Nicholas Reville. Si les Européens et les mélomanes du monde entier s’organisent mieux, ils peuvent changer les pratiques de l’industrie du disque". Selon les dernières statistiques, KaZaA, à lui seul, compte 30 millions d’utilisateurs...