Commission suspendue, RSF engagé... la colère dépasse le cercle des anti-nucléaires
L’arrêté du 24 juillet 2003, qui classe Secret Défense la plupart des informations relatives aux matières nucléaires, suscite, depuis sa parution, une vague de protestations. Ce mouvement s’étend à présent au delà du cercle des opposants au nucléaire. Le 7 octobre 2003, 27 associations et syndicats ont lancé une pétition demandant l’abrogation de ce texte. Le 9 octobre, trois organismes, dont Reporters Sans Frontières (aux côtés de Greenpeace et de la Criirad, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) ont saisi le Conseil d’Etat dans le même but. Le même jour, le bureau restreint de la Commission d’information locale (CLI), officiellement chargée d’informer le grand public sur la Centrale nucléaire du Blayais (en Gironde) a suspendu ses activités temporairement, pour que cet arrêté, qui l’empêche de mener à bien sa mission, soit retiré.
Comment informer le public sur les activités d’une centrale nucléaire alors que ces informations sont classées "secret défense" ? C’est la question qu’a posée Jacques Mauge, président délégué de la Commission locale d’information (Cli) du Blayais. Les Clis qui réunissent élus, syndicalistes, représentants de l’Etat, du secteur privé et des associations locales sont chargées d’informer le public sur les activités nucléaires de leur région. Le président, également maire PS de Saint-André de Cubzac, s’exprimait lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 9 octobre 2003. Cette conférence faisait suite à une réunion restreinte du bureau de cette commission.
Suspension provisoire
Au cours de cette réunion, la Cli a décidé de suspendre ses activités au moins jusqu’à sa prochaine assemblée générale, le 7 novembre prochain. A travers cette décision, les membres de la Cli réclament le retrait de l’arrêté du 24 juillet 2003.
On ne peut pourtant pas soupçonner les membres de cette Cli de militantisme anti-nucléaire acharné. L’association Tchernoblaye, qui demande la fermeture de la centrale de Blaye, refuse d’ailleurs de siéger au sein de cette commission. "Elle accompagne le nucléaire plus qu’elle n’informe sur ses dangers, explique Stéphane Lhomme, membre de Tchernoblaye et porte-parole du Réseau sortir du nucléaire. Elle se penche sur les problèmes de la centrale uniquement quand nous les dénonçons. C’est le cas des trains qui sortent de la centrale et passent au centre de Bordeaux, ou de l’effondrement de la digue de protection qui entoure la centrale".
Atteinte à la liberté d’expression
Autre nouveau venu dans la bataille anti-nucléaire : l’association Reporters Sans Frontières. "Ce texte a des implications très graves, aussi bien pour le travail d’investigation et d’information des associations de protection de l’environnement et des journalistes que pour la société française dans son ensemble. En effet, si de telles atteintes - disproportionnées et injustifiées - à la liberté d’expression et au droit à l’information sont admises pour le nucléaire, bien d’autres domaines où s’exercent les pressions des lobbies pourraient demain être concernés", peut-on lire dans l’annonce du recours en annulation qu’elle a déposé devant le Conseil d’Etat avec le Criirad et Greenpeace, pour demander l’abrogation de l’arrêté.
Face à cette mobilisation, le gouvernement commence à réagir. Lundi 12 octobre 2003, Didier Lallemand, haut fonctionnaire de la Défense au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et signataire de l’arrêté, recevra une délégation composée de représentants d’associations anti-nucléaires.
Le recours au Conseil d’Etat de Reporters sans Frontières, Greenpeace et la Criirad:
http://www.dissident-media.org/info...
Le texte de la pétition:
http://www.sortirdunucleaire.org/Pe...
Le site Sortir du Nucléaire:
http://www.sortirdunucleaire.org
Les informations sur le nucléaire passent Secret Défense (Transfert):
http://www.transfert.net/a9193