La société slovaque Euroweb, gestionnaire des noms de domaines en .sk, a accordé un délai supplémentaire d’un mois aux sites dont le nom comporte ce suffixe pour migrer vers un nouveau système. Cette migration, obligatoire, est payante. A partir du 3 novembre, les noms de domaine en .sk qui n’auront pas effectué les démarches de réenregistrement seront purement et simplement effacés de la surface du web. Près de 40 000 sites seraient menacés, soit la moitié de l’internet slovaque.
Depuis janvier 2003, le .sk est géré par Euroweb, une filiale du néerlandais KPN, via son service SK-NIC. En France, c’est l’Association française pour le nommage internet en coopération (Afnic) qui est chargée de la gestion du .fr.
Auparavant, la gestion et la maintenance du suffixe national slovaque était confiée à Sanet, le principal réseau universitaire slovaque. 70 000 adresses en .sk avaient été attribuées, gratuitement.
Dès sa prise de contrôle, Euroweb, qui est également présente en République tchèque, en Roumanie et en Hongrie, a mis en place un nouvau processus d’enregistrement des noms de domaine. Non seulement l’attribution des .sk est devenue payante, mais les sites déjà enregistrés avec ce suffixe doivent opérer une migration payante. Il s’agit officiellement de mettre le web slovaque en conformité légale et technique avec les recommandations de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), l’organisme chargé de l’attribution des domaines au niveau mondial.
Actes notariés obligatoires
Pour effectuer cette migration, Euroweb exige de tout requérant la présentation de papiers d’identité, la signature d’un contrat devant un notaire et surtout le payement d’une taxe annuelle de 800 couronnes slovaques (environ 20 euros). La société avait fixé au 1er octobre 2003 la date limite pour migrer vers le nouveau système. Après cette date, les sites qui ne seraient pas pliés aux nouvelles conditions seraient "désactivés".
Chez les internautes slovaques, la pilule a visiblement du mal à passer. D’autant qu’Euroweb semble avoir rencontré de fréquents problèmes techniques. Nombre d’adresses en .sk refusent toujours de migrer, à commencer par les sites de la Banque nationale de Slovaquie et de plusieurs universités. "Avant, l’enregistrement était gratuit et il n’y avait pas besoin de documents particuliers, explique Milan Gigel, un journaliste slovaque qui travaille notamment pour le webzine Zive. Euroweb est une entreprise privée qui cherche à faire des profits sur ce marché. Mais beaucoup de gens refusent de se plier à leurs règles et de migrer leurs sites."
Ce mouvement de résistance a obligé Euroweb à repousser la date-limite d’enregistrement des sites. Le 1er octobre, elle a publié un communiqué indiquant que l’opération de désactivation ne démarrerait pas avant le 3 novembre et enjoignait les retardataires à effectuer la migration.
Dans ce texte, Euroweb dit avoir procédé à l’enregistrement de 30 330 noms de domaines. Ce qui en laisserait encore près de 40 000 en sursis...
Contactée par Transfert.net, Euroweb n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Dans une déclaration mise en ligne le 1er octobre sur son site, Inet, une association de défense des internautes slovaques, demande officiellement que la gestion du .sk soit rendue au réseau universitaire Sanet : "Nous désapprouvons clairement le caractère bureaucratique de la nouvelle politique d’enregistrement, qui exige l’approbation de l’accord par un notaire. Nous désapprouvons l’aspect financier qui consiste à donner de l’argent aux propriétaires d’Euroweb. Le .sk appartient à tous les citoyens slovaques et non à une entreprise privée. Nous avons besoin du retour de Sanet, qui est d’origine universitaire, et de ses spécialistes pour que le .sk soit géré de manière correcte."