600 personnes qui avaient postulé à un poste à l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris se retrouvent victimes de spam. Les Britanniques plaident la maladresse dans cette chronique ordinaire de la pollution des boîtes email.
Tout commence début avril par la publication d’une offre d’emploi pour un poste d’éditeur de site web au service de presse de l’ambassade. L’annonce est diffusée sur divers sites de recrutements liés au multimédia, comme Bale.fr, créé par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et le magazine Télérama. 600 candidatures parviennent aux services consulaires britanniques.
La réponse tombe mercredi 21 mai vers midi. Un email signé Richard Morgan, porte-parole de l’ambassade, avertit les candidats qu’une vingtaine de dossiers ont été retenus et que les heureux élus seront conviés à un entretien.
"Le problème, c’est que les 600 destinataires du mail étaient entrés dans le champ ’To’ et non en copie cachée. Les adresses, dont certaines professionnelles, étaient donc visibles de tous", raconte Stéfanie Lespérance, une infographiste de 26 ans en recherche d’emploi.
L’histoire aurait pu en rester là, mais trois heures après l’envoi de l’ambassade, les 600 candidats reçoivent un exemplaire de la newsletter de cubantrip.com, un site d’information sur Cuba animé par le journaliste Olivier Longuepin. La liste des destinataires, là encore laissée en clair, est rigoureusement identique à celle du mail de l’ambassade.
"Ceci est un spam et je m’en excuse par avance si Cuba ne figure pas parmi vos centre d’interêt", indique le journaliste dans son message.
Quelques heures plus tard, rebelote ! Un courrier électronique émanant de Pierre Mangin, du site Futurs.org, arrose la même liste pour annoncer "un projet encore confidentiel" : "Il s’agit de promouvoir l’appropriation par les ONG et associations des technologies internet, comme le mail, les bases de données et l’e-learning."
Chez les spammés, la résistance s’organise. Un forum se crée sur laglande.com. Des explications sont demandées aux services de l’ambassade de Grande-Bretagne.
"Si nos adresses mail se baladaient dans la nature, cela pouvait être aussi le cas de nos cv. Ça constituait un fichier très qualifié concernant des gens diplômés, avec un profil plutôt CSP+", poursuit Stéfanie Lespérance, qui écrit à l’ambassade pour leur rappeler la réglementation française en matière de protection des données personnelles.
Jeudi 22 mai, dans l’après-midi, l’ambassade adresse enfin ses excuses aux malheureux candidats. Le mail, signé d’un employé de la représentation britannique à Paris, plaide une erreur de manipulation.
"Tous les intéressés en ont donc reçu cette liste, explique le texte. Quelqu’un en l’a ensuite copiée et l’a transmise à une agence d’envois non sollicités. Je ne peux que vous présenter toutes mes excuses. Je sais que je n’en sors pas grandi, mais je vous prie de bien vouloir croire en ma bonne foi, et en celle de ceux qui ont participé avec beaucoup de soin et de scrupule au processus de sélection des candidatures."
"Au final, les gens concernés ne semblent pas le prendre trop mal. Mais c’est sûr que ça ne fait pas très pro de la part de l’ambassade, surtout dans le cadre du recrutement d’un webmaster, plaisante Stéfanie, qui ne fait pas partie des candidats retenus. La personne recrutée devra sans doute commencer par leur expliquer comment faire un mail en copie cachée..."
Le site de l’ambassade de Grande-Bretagne:
http://www.amb-grandebretagne.fr
Laglande.com, où se tient le forum des candidats mécontents:
http://www.laglande.com