Pour le syndicat enseignant Snuipp, le ministère de l’Education peut mieux faire en informatique
Nicole Geneix, secrétaire générale du Snuipp (Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs et des écoles et PEGC), organisation majoritaire dans le premier degré, réagit aux mesures annoncées le 14 mai par Xavier Darcos. Le ministre délégué à l’enseignement scolaire, avec son plan en dix mesures doté de 5,5 millions d’euros, veut relancer les nouvelles technologies dans les écoles et réduire la fracture numérique entre "techno-instruits" et "techno-exclus" (Lire notre article "5,5 millions d’euros pour internet à l’école").
Que pensez-vous du plan Darcos ?
N. G. - Ses objectifs, on ne peut que les partager : combler le retard en équipement informatique, faire que l’introduction des TIC devienne effective dans les écoles... Mais je doute que les sommes avancées permettent d’y arriver. Des déclarations d’intention, ce ministre ne serait pas le premier à en faire. Les équipements sont à la charge des communes. Or, l’Association des maires de France explique que les communes ne peuvent pas aller au-delà des efforts déjà consentis. Le Brevet informatique et internet (BII) doit devenir obligatoire en fin d’école primaire en 2003-2004. Cela suppose des ordinateurs et une connexion à internet. Pour la première fois, un élément du programme national ne sera donc pas appliqué partout, par manque d’équipements en nombre suffisant.
Un ordinateur pour 10 élèves en 2007, vous y croyez ?
Difficilement, vu le contexte budgétaire actuel. Ou alors, il faudrait un programme de développement considérable. Dans certains endroits, compte tenu des efforts des communes, ce sera réalisé, mais dans d’autres, non. Le président de la République a parlé de fracture numérique. C’est vrai, les écarts se creusent. Or, il faut que tous les enfants aient accès aux savoirs numériques. Pour cela, il est indispensable que l’introduction des TIC à l’école devienne une réalité. Sinon, les enfants des familles défavorisées seront victimes d’une double pénalisation : ils n’auront accès à internet ni à la maison, ni à l’école...
Selon vous, où en sont réellement les nouvelles technologies à l’école ?
Le premier facteur qui surdétermine la situation, c’est l’équipement des établissements. Le deuxième, c’est l’utilisation qu’en font les enseignants. Les plus jeunes ont eu accès aux nouvelles technologies durant leurs études. Chez les plus anciens, certains s’y sont mis, ils ont acquis un ordinateur à la maison, ils se sont formés à la technique. Mais pour ceux qui n’ont pas fait cet effort personnel, l’Education nationale n’a rien fait. Par ailleurs, la maintenance est un casse-tête. Lorsqu’une machine tombe en panne, la plupart d’entre nous sommes dans l’incapacité d’intervenir. S’il existe dans la commune un contrat de maintenance global, dans lequel l’équipement scolaire est inclus, tout va bien. Mais dans les petites communes, lorsque le système tombe en panne, il n’y plus rien. Enfin, de nombreux aide-éducateurs avaient été recrutés dans les écoles pour s’occuper du matériel informatique, de la maintenance, pour aider à l’animation d’ateliers. Le gouvernement a décidé de supprimer ces postes. Comme ces départs ne seront pas remplacés, les projets mis en place tomberont à l’eau.
"5,5 millions d’euros pour internet à l’école" (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8809
Le plan annoncé par le ministère de l’Education nationale:
http://www.education.gouv.fr/actu/e...
Le plan Reso 2007:
http://www.internet.gouv.fr/francai...
Le site du Snuipp:
http://www.snuipp.fr