Capitale du Land de Basse-Saxe, au nord-ouest de l’Allemagne, Hanovre accueille, jusqu’au vendredi 16 mai, un colloque européen consacré à son nouveau quartier de Kronsberg. Bâti selon les canons du développement durable et inauguré à l’occasion de l’exposition universelle de Hanovre en 2000, ce centre urbain affiche, trois ans plus tard, des performances spectaculaires en termes de respect de l’environnement et de mixité sociale.
La genèse du projet remonte à la réunification des deux Allemagnes, au début des années 1990. Confrontée à une pénurie de logements due à l’afflux de nouveaux habitants, la municipalité de Hanovre décide de créer ex-nihilo un nouveau quartier, dans un cadre champêtre situé à sa périphérie. Il est également décidé que ce quartier brillera par ses caractéristiques techniques respectueuses de l’environnement et par un savant dosage social.
Des matériaux mis à l’index
Peter Schilken, un des animateurs du réseau de villes européennes Energie Cités dresse un bilan plutôt élogieux de l’expérience. "La consommation annuelle d’électricité du quartier est estimée à 55 kWh par mètre carré, alors qu’elle se situe à 100 kWh pour les bâtiments ’classiques’ construits en 2000, et à 220 kWh pour les autres", souligne-t-il.
De fait, tout a été pensé pour minimiser cette consommation, sans perdre en efficacité. Les structures en aluminium, matériau dont la fabrication est gourmande en énergie, ont été proscrites. Même punition pour le PVC, jugé trop toxique. La municipalité a poussé la "vertu" jusqu’à distribuer cinq ampoules à basse tension à chaque foyer de Kronsberg. "Il faut y ajouter les réseaux de co-génération et deux éoliennes, précise Peter Schilken. Au final Kronsberg consomme moins d’électricité qu’il n’en produit et rejette un volume de CO2 inférieur de 55% à celui d’un quartier classique."
L’énergie n’est pas tout. Les concepteurs de Kronsberg ont apporté un soin particulier à l’aménagement urbain au sens large. Ecoles et crèches sont installées à proximité des habitations afin de limiter les trajets. Une ligne de tramway a été tracée de telle sorte qu’aucun des habitants du quartier n’en soit distant de plus de 600 mètres à pied. La construction de 500 logements sociaux - sur un total de 3000 habitations - a été exigée par la mairie.
Cols bien blancs et esthétique soignée
Les entreprises ne sont pas en reste, quelque 2700 emplois de bureaux ayant trouvé leur place à Kronsberg. Enfin, l’esthétique se veut elle aussi soignée. De l’immeuble de cinq étages à la maison individuelle, une quarantaine de cabinets d’études ont contribué au projet, afin d’assurer la diversité de l’ensemble.
Pour Peter Schilken et le réseau Energie Cités - lui-même partie prenante du projet européen Sibart->, en faveur des énergies renouvelables -, Kronsberg est devenu l’exemple à suivre. "Ce n’est pas une ville du futur, elle existe bel et bien, elle est à taille humaine et sa conception ne nécessite qu’un surcoût de l’ordre de 5 à 15%", souligne-t-il.
En Europe, Helsinki, Londres ou Turin marchent déjà dans les pas de Kronsberg. En France, Energie Cités tente de convertir les communes au développement durable, avec l’appui de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). De grandes métropole comme Lyon ou Rennes se sont déjà engagées sur des projets de maîtrise de l’énergie et/ou des déplacements urbains.