Le Japon sera-t-il le premier pays à autoriser la commercialisation de viande et de lait d’animaux clonés ? Un rapport publié le 11 avril par le ministère nippon de la Santé affirme que les produits issus d’animaux clonés ne présentent pas d’anomalies suceptibles de justifier l’interdiction de leur consommation.
"On ne peut pas dire que le boeuf cloné soit moins sûr que celui qui vient du bétail traditionnel", expliquent les auteurs du rapport, des experts mandatés par le gouvernement japonais.
Selon le quotidien Asahi, le gouvernement japonais s’apprêterait, suite aux conclusions du rapport, à demander l’avis des représentants de consommateurs, de l’industrie de la viande et du ministère de la Santé avant de décider la commercialisation de ces produits.
"Encore beaucoup de questions"
Xavier Vignion, chercheur à l’Inra (l’Institut national de la recherche agronomique) et spécialiste du clonage, critique la position japonaise. Selon lui, "il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’inocuité de ce type d’aliments". Il précise : "D’un point de vue sanitaire, on suppose qu’il n’y a pas de risque. Mais on se pose encore beaucoup de questions. On ne sait pas encore si deux clones sont identiques ; on ignore aussi si le patrimoine génétique d’un animal cloné se transmet à ses descendants."
Une question essentielle, car les aliments issus de clones ne proviennent pas des animaux clonés eux-mêmes, mais de leurs descendants. "Si la technique est au point, la production de mammifères clonés reste difficile, coûteuse et demande de nombreux essais, note Xavier Vignon. Dans le cas des animaux destinés à l’alimentation, la méthode consiste à créér un clone de taureau d’élite ou de vache laitière particulièrement productive par exemple, et de commercialiser la viande ou le lait provenant de leur descendance."
Apparement, le Japon ne s’embarrasserait pas de précautions pour affirmer que la viande clonée sera inoffensive. Une viande qui, selon le rapport émis par le ministère de la Santé, devra tout de même être soumise à des contrôles réguliers une fois commercialisée.
Les Etats-Unis se donnent le temps
Comme le Japon, les Etats-Unis, importants producteurs de mammifères clonés, ont également fait part de leur intention de commercialiser ce type d’aliments. Ils se montrent cependant plus prudents que le Japon avant de passer à une éventuelle mise sur le marché.
"Alors qu’il y a quelques mois, ils envisagaient d’autoriser la commercialisation des produits issus du clonage, les Etats-Unis sont un peu revenus sur leurs positions, explique Xavier Vignon. Ils souhaitent à présent fédérer des recherches au niveau mondial visant à mesurer l’absence de toxicité de ces produits."
C’est justement sur ce type d’outils, destinés à vérifier la sécurité sanitaire des produits issus d’animaux clonés, que travaille l’équipe de Xavier Vignon. "Il s’agit par exemple de nourrir des rats avec du lait de vache clonée et d’étudier leurs réactions", explique le chercheur, qui précise que les résultats de ces études ne seront connus que dans 3 à 4 ans. Et qui sous-entend que d’ici là, il conviendrait de ne pas mettre la charrue avant les boeufs... clonés.