Anne Barrault accueille du 24 avril au 31 mai la première exposition en galerie du collectif OuBaPo (Ouvroir de BAnde dessinée POtentielle), à Paris (22, rue Saint Claude, 2e ardt). A l’occasion de la sortie de leur troisième recueil, Oupus 2 (L’Association), huit dessinateurs du mouvement, qui s’inspire de celui lancé en littérature par Raymond Queneau et Georges Pérec, exposent des oeuvres et installations inédites. Explications d’Anne Barrault et de Jean-Christophe Menu, l’un des auteurs du collectif.
Quelles contraintes les dessinateurs oubapiens se sont-ils fixées pour l’expo dans votre galerie ?
Anne Barrault : Ils ont décidé de jouer avec le volume. Pour cette expo, Etienne Lécroart a par exemple décidé de faire un strip qui s’adapte à l’espace d’exposition : sa bande court sur les murs et le plafond, et on y voit un personnage qui bute sur une des poutres de la pièce. Lewis Trondheim, lui, a choisi de faire fondre des figurines Schtroumpf et de les presser entre deux vitres. Avec les petits personnages en plastique fondu et le dessin, il a créé une bande dessinée en volume.
Pour vous, auteurs, que représente cette expo ?
Jean-Christophe Menu : C’est l’occasion d’une réflexion sur la BD. C’est la première fois qu’une galerie nous invite à travailler en volume. Cela amène naturellement une réflexion sur l’espace et accessoirement sur l’art contemporain. Lécroart prend le lecteur à parti avec sa "séquentialité sur cimaises". Et j’ai choisi un strip en volume, sans dessin [une série de cadres et d’assiettes narre un drame burlesque, Ndlr]. Quant à l’idée de contrainte, elle parvient à donner une ouverture d’esprit plus large que la simple imagination. Si je n’avais pas eu ces règles, je n’aurais jamais songé à réaliser ce vaudeville en volume.
Pourquoi avoir choisi d’exposer le courant OuBaPo ?
A.B. : J’avais depuis longtemps l’idée de faire un expo sur la bande dessinée et j’ai choisi l’OuBaPo quand j’ai rencontré Etienne Lécroart, un des principaux animateurs du groupe. C’est un des mouvements les plus intéressants en bande dessinée aujourd’hui, grâce à la notion de contraintes, qui sont des règles que les dessinateurs se fixent pour chaque oeuvre. Cela introduit un jeu entre le fond et la forme. C’est intéressant à présenter dans une galerie car cela rompt avec les expositions de bande dessinée au mur. Une simple succession de planches n’a pas beaucoup d’intérêt.
Lors des rencontres BD à Bastia, l’OuBaPo s’est livré en direct et à distance à une joute graphique avec les dessinateurs présents dans un festival suisse. La technologie vous intéresse ?
J.-C.M. : A Bastia, ça aurait pu se faire sans le multimédia, mais là, au moins, on pouvait s’échanger les dessins tout se voyant sur l’écran. La technologie nous intéresse mais on est à la traîne. Il n’existe pas de site de l’Association [maison d’édition indépendante, cofondée par, entre autres, Menu, Trondheim et Killofer, présents à l’expo] ni de l’OuBaPo. Alors qu’il y a un site pour l’OuBaPo américain : c’est le dessinateur Matt Madden qui a créé ça et il a mis beaucoup de bonnes choses en ligne. Nous, on a pas eu le temps, on a préféré faire des livres...
Le site de la Galerie Anne Barrault:
http://annebarrault.free.fr/index/i...
Le site de l’OuBaPo américain:
http://www.oubapo-america.com
L’OuBaPo, de la BD sous contrainte à fort potentiel (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a8646