Les héritiers Hewlett et Packard se sont prononcés contre le projet de mégafusion entre Hewlett-Packard et Compaq. Une mésaventure de plus pour les deux sociétés dont le mariage ressemble de plus en plus à un chemin de croix.
David W. Packard a rejoint le camp des opposants à la mégafusion entre les géants de l’informatique Hewlett-Packard et Compaq. Le fils du cofondateur de HP n’a pas été tendre avec le projet de rapprochement des deux géants de l’informatique, annoncé en grandes pompes le 3 septembre dernier : "La logique à l’œuvre dans le plan de fusion dépend de licenciements massifs." Au moins 15 000 devraient avoir lieu, vue la structure des deux groupes. David Packard, qui a reconnu que les fondateurs du groupe n’avaient jamais garanti la pleine sécurité de l’emploi, s’est tout de même ému parce, selon lui, ils "n’ont jamais développé une telle stratégie industrielle préméditée qui traite les employés de Hewlett-Packard comme s’ils étaient jetables". Le jour même des déclarations de l’héritier, le 7 novembre, le direction de Hewlett-Packard, qui a déjà licencié 6 000 personnes dans les douze derniers mois, a annoncé qu’elle prévoyait de geler les salaires indéfiniment. Les préoccupations sociales de David Packard, qui contrôle directement, via la fondation Packard Humanities Institute, 1,3 % du groupe, sont venues s’ajouter à celles d’un autre héritier, Walter B. Hewlett, qui a rendu public son opposition officielle à la mégafusion. Walter B. Hewlett a déclaré qu’il considérait que le projet aller emmener le groupe vers le marché du PC qui est en pleine crise, et l’éloigner de ses activités fortes dans les imprimantes.
Affaires de famille
Initialement estimé à 25 milliards de dollars, le deal vise à créer un groupe de taille à rivaliser avec le leader IBM. La réunion des deux constituerait un monstre de 87,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur les douze derniers mois, employant 145 000 salariés et occupant la place de leader sur le marché du PC. Carly Fiorina, PDG de Hewlett-Packard depuis deux ans, a dû réagir aux déclarations des deux héritiers, et faire le tour des actionnaires afin de les rassurer sur la pérennité du projet de fusion, qui laisse de plus les marchés boursiers sceptiques depuis qu’il a été présenté. Avec ces affaires de famille, les spéculations vont bon train. Les partisans de l’échec de la fusion se renforcent et attendent beaucoup de la décision de la fondation David and Lucile Packard. Quatre de ses cinq milliards d’actifs sont valorisés en titres de la société, soit 10,3 % du capital de HP. David Packard ne contrôle pas directement la fondation, mais deux de ses sœurs font partie de son conseil d’administration. La Fondation a indiqué qu’elle ne se prononcerait pas avant sa prochaine assemblée, début décembre.