Le rachat du numéro un américain des communications par satellite par le numéro deux pourrait créer un monopole privé aux ...tats-Unis.
Echostar Communications a mis 25,8 milliards de dollars sur la table pour acquérir son rival, le numéro un du satellite aux ...tats-Unis, Hugues Electronic. Le premier compte 6,4 millions d’abonnés à son Dish Network ; le second 10,3 millions pour DirecTV. Le nouvel ensemble pèserait donc 16,7 millions d’abonnés, plus qu’aucun autre système de communications haut débit à destination des foyers américains. Le géant du câble AT&T, lui-même, n’a que 14,4 millions d’abonnés. Quant à la part de marché, elle atteindra 17 % de la télé payante. Les dirigeants des deux sociétés ont présenté la fusion comme une façon de mieux servir les consommateurs. C’est l’argument classique quoique non démontré des "synergies" (par exemple, un seul modèle de terminal d’accès à Internet par le téléviseur) et des économies d’échelle. Surtout, ils se félicitent de créer un vrai concurrent à l’industrie du câble qui domine aujourd’hui le marché du haut débit, télé et Internet. "Pour la première fois, je crois que nous avons enfin assemblé une entreprise qui peut rivaliser à tous les niveaux (avec le câble)", s’est vanté Charles Ergen, fondateur d’Echostar, un expert-comptable réputé pingre et combatif qui a fait fortune en vendant des paraboles.
Un monopole du satellite
En argumentant de la sorte, Charles Ergen veut faire oublier que la concentration du marché du satellite grand public sur sa seule tête ne constitue rien d’autre qu’un monopole. La majorité des consommateurs américains ont aujourd’hui le choix entre DirecTV, Dish Network et le câblo-opérateur local. Certaines zones rurales ne sont pas couvertes par le câble, la logique privée excluant de couvrir les zones non rentables en raison des coûts de déploiement de l’infrastructure. En somme, une partie du pays ne peut bénéficier du haut débit que via le satellite. Or, il serait question de supprimer la concurrence entre les deux acteurs aujourd’hui présents... D’après la presse américaine, les chances de réussite de la fusion oscillent entre un tiers et deux tiers. L’autorité de la concurrence, la Federal Communications Commission, a indiqué qu’elle censurait rarement les fusions "média". Dans la mesure où l’industrie du câble est elle aussi sur le point de se concentrer, avec les projets de spin-off d’AT&T Broadband, qui a déjà reçu des propositions de rachat de Comcast entre autres, la FCC pourrait considérer que la concentration dans le satellite vient équilibrer celle du câble. Selon le New York Times, toutefois, l’opposition à la fusion pourrait venir de la Federal Trade Commission, voire du Département de la Justice. En attendant, Charles Ergen se réjouit : même si la fusion échoue, il faudra au moins un an avant de le savoir. C’est toujours ça de pris à Rupert Murdoch, le magnat australien qui avait lui aussi des vues sur la télé payante américaine.