Pour les étudiants de l’Illinois Institute of Technology (IIT), basé à Chicago, les prises de sang, c’est de la vieille histoire. L’avenir de l’analyse sanguine passe par le "E-Nose", un capteur électrochimique conçu pour renifler les bactéries présentes dans notre sang. Un prototype qui pourrait même détecter la présence de bactéries dans un frigo...
6 minutes pour renifler
Le E-Nose est composé de huit capteurs électrochimiques. Ces derniers réagissent aux particules microscopiques de gaz émises par les bactéries quand elles se développent (quand elles mangent des globules rouges, par exemple). Lorsque les capteurs analysent les substances chimiques odorantes exhalées par un échantillon sanguin, le E-Nose compare ces résultats avec une banque de données qui répertorie, dans un logiciel, la propriété chimique de chaque bactérie (une bonne centaine au total). Le fonctionnement de cet appendice électronique se rapproche en fait de celui de notre nez. À la différence près que ce dernier est composé de millions de neurones sensibles aux odeurs, alors que le E-Nose n’est composé que de huit capteurs. Selon les responsables du projet à l’IIT, une équipe d’élèves piochés dans différentes spécialités, le E-Nose ne met que six minutes pour renifler les bactéries. En tout, il prendrait deux fois moins de temps que les analyses de sang traditionnelles (un peu plus de 24 heures pour le E-Nose, contre 48 heures pour les analyses classiques, à cause du délai nécessaire pour obtenir un nombre suffisant de bactéries) pour détecter la présence d’agents pathogènes dans le sang, comme les staphylocoques. La technique utilisée serait plus simple et plus efficace que la détection fluorescente adoptée par un bon nombre de laboratoires aux Etats-Unis et qui serait, selon l’IIT, deux à trois fois plus coûteuse qu’un E-Nose.
Détection de la tuberculose
IIT n’a toutefois pas le monopole des nez électroniques. En mai dernier, le E-Nose conçu par des scientifiques allemands de l’université de Turingen avait analysé les différences chimiques entre les phéromones masculines et féminines, une découverte publiée dans la revue de la National Academy of Science. Cyrano Sciences, une firme basée à Pasadena, en Californie, conçoit elle aussi des E-Noses. Dans le cas du Cyrano 320, le dernier né de la firme, c’est l’interaction des molécules avec un matériau composite qui révèle les propriétés chimiques de l’objet testé. Dans le domaine du diagnostic médical, le E-Nose de l’IIT semble cependant l’un des plus aboutis. Selon l’université américaine, il pourrait bientôt permettre de déceler, dans les poumons, la présence d’une bactérie à l’origine de la tuberculose. Il suffirait alors d’analyser la respiration des patients pour procéder à cet examen. Une technique porteuse d’espoir même si, de l’aveu même des étudiants, il faudra bien dix ans pour maîtriser parfaitement la pratique du E-Nose.