Voulant interdire les connexions au site néonazi Front14, au centre d’un procès, le système Renater, qui connecte au Web les universités françaises, a fait disparaître des milliers de sites de son réseau. Avant de se reprendre. Dur, dur le filtrage...
Des milliers de sites sont subitement parti en fumée sur le réseau Renater, qui connecte à la Toile les machines des universités françaises ou des organismes de recherche, tels que le CNRS, l’INRA, le CEA... La raison d’une telle disparition ? Le filtrage du site néonazi Front14. Ce portail néonazi est actuellement au centre d’un procès à la suite d’une plainte de l’association J’accuse !, qui demande à treize fournisseurs d’accès français d’empêcher les connexions au site ultra raciste. Pour des raisons éthiques, avant que la justice ne se prononce sur ce cas, le GIP (groupement d’intérêt public) Renater qui regroupe des chercheurs et des représentants du ministère de l’...ducation nationale, a décidé d’interdire les connexions au site Front14 depuis les ordinateurs de son réseau.
Front14 bloqué
Mais le filtrage de la Toile n’est pas sans risques... Et qui s’y frotte, peut aussi s’y piquer. Selon les informations recueillies par Transfert, environ 8 000 adresses IP ont été mises hors service par les services informatiques gérant Renater. Soit autant de sites potentiels. Des sites n’ayant évidemment rien à voir avec les thèses néonazies développées par la pléthore de mouvements extrémistes présents sur le portail Front14. Le directeur du GIP Renater, le professeur des universités Dany Vandromme a confirmé à Transfert le filtrage effectif du portail néonazi. "L’utilisation du réseau Renater est soumise à l’adhésion à une charte d’usage. Je ne pense pas que l’accès au site de Front14 soit conforme à la charte, autrement que pour d’éventuels travaux de recherche en sociologie ou anthropologie." Avant d’ajouter : "Dans ce cas, les chercheurs sont libres de venir m’en parler." Mais le directeur du GIP Renater conteste le fait que d’autres sites aient pu, à un moment, pâtir du filtrage de Front14.
Vieille pratique
De son côté, Jean-Christophe Le Toquin, délégué permanent auprès de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès) met en garde contre la mise en place de solutions techniques "pures et dures", qu’il juge inefficaces. Même s’il reconnaît à Renater "une fonction spécifique" et le fait que l’organisme publique ne soit pas "un FAI traditionnel". Selon lui, cet épisode "démontre par l’absurde que la mise en œuvre de telles solutions techniques ne sont pas satisfaisantes. D’autant plus qu’on ne bloque qu’un site néonazi. Je crois beaucoup plus un système d’auto-labelisation". La pratique du filtrage au sein de Renater n’est pas nouvelle : il y a cinq ans, le réseau de l’...ducation nationale bloquait déjà, pour enrayer les tentatives de hacking, les requêtes émanant de l’EPITA, une école d’informatique.
Inaccessible
Bilan des courses, selon les propres informations émises par Renater à ses membres via e-mail, le GIP avait demandé un filtrage de Front14 : toutes les adresses disponibles chez l’hébergeur du serveur extrémiste avaient été blacklistées. Dans un second temps, le GIP a redemandé un accès aux autres serveurs de l’hébergeur. Donc, à ce jour, seul Front14 est inaccessible depuis Renater. Le but recherché est donc enfin atteint. Toutefois, si Front14.org déménage chez un autre hébergeur, le site sera de nouveau accessible depuis Renater. C’est dur le filtrage...