Deux organisations russes à but non lucratif relancent les noms de domaine en .su, pour les ressortissants de l’ex-Union soviétique.
Un ".su", pendant un an, ça vous fera 15 000 dollars pièce. Oui, vous avez bien compris, ce n’est pas un avion chasseur Sukhoï qu’on vous propose pour ce prix, mais une terminaison de nom de domaine (TLD). ".su" pour "Soviet Union". Deux organismes russes à but non lucratif viennent de relancer cette antique TLD dans l’espoir de récolter des fonds. Le TLD .su a été créé en 1990 par l’IANA, prédécesseur de l’ICANN qui gère aujourd’hui les noms de domaine. Il est aujourd’hui réanimé par le RIPN et le Fund. Le Russian Institute of Public Networks (RIPN), RosNIIROS en russe, est le registre (registry) qui fut en charge du .su de 1993 à 1994, date à laquelle toutes les nouvelles attributions de .su ont été gelées, patriotisme oblige. Le Fund, quant à lui, est une filiale à but non lucratif de Relcom et Demos. Ces derniers sont les premiers réseaux commerciaux internet russes. Ils ont suivi toute l’évolution du .su. Ensemble, le RIPN et le Fund projettent de réinvestir les sommes gagnées avec le .su dans des projets d’éducation et de sensibilisation à Internet, puis dans la recherche. Ils profitent de la vague de création de TLD autorisée par l’ICANN, business juteux s’il en est, pour relancer le nom tombé en désuétude.
...loigner les cybersquatters
Si le Fund s’empresse de communiquer sur le sujet, il se garde bien de répondre aux questions précises. La chasse au .su est ouverte depuis le premier octobre. Il y a déjà un registrant (registrar), RU-Center, en Russie. Mais visiblement, on ne se bouscule pas au portillon pour payer 15 000 dollars. D’autant plus que le prix passera à 5 000 dollars en novembre, 1 000 dollars en décembre, puis 100 dollars à partir de mars 2002. Selon le Moscow Times, le prix de départ a été fixé très haut pour éloigner les spéculateurs et les cybersquatteurs. À vrai dire, il y avait d’autres façons de les tenir à l’écart, du moins d’en réduire le nombre. La plus simple aurait consisté à limiter l’attribution des .su aux habitants de l’ex-Union soviétique. Cela n’a pas été le cas. "Les registrants sont libres de servir des clients désirant s’enregistrer en dehors du territoire de l’ex-URSS", indique Konstantin Vinogradov, directeur du Fund. Avis à la population : kremlin.su, putin.su, ussr.su, fsb.su, nike.su sont à prendre. Que les héritiers richissimes du marxisme-léninisme se présentent.