Issu de l’extrême droite, le représentant français d’une secte raciste américaine est également assigné dans le procès J’accuse ! Il nie être responsable d’un site hébergé par le portail front14.
Edgar Pansu - |
Il se présente comme un "
révérend" de l’...glise mondiale du créateur, une secte américaine ultra raciste qui milite rien moins que pour la "
suprématie de la race blanche". Tatoueur de son état, Olivier Devalez, 37 ans, a été assigné en référé au tribunal de Paris dans le cadre de l’affaire J’accuse ! Un procès dans le procès, en somme, issu de l’ordonnance du 12 juillet rendue par le juge Gomez, qui exigeait que l’association J’accuse ! désigne des auteurs de sites illicites hébergés par le portail néo-nazi front14.org, en parallèle à leur demande de filtrage. Boucle d’oreille et cheveux très courts, un tatouage dans le cou mal dissimulé par son col de chemise noire fermé par une cravate blanche, Olivier Devalez a été attrait devant le juge, en tant que correspondant français de l’...glise mondiale du créateur (wcotc), dont l’un des sites se trouve sur le serveur de front14. À plusieurs reprises lors du procès, les représentants des fournisseurs d’accès se sont étonnés qu’il fût le seul auteur français que l’association ait pu assigner.
Mystique raciste
Ex-skinhead, Olivier Devalez a pris pour avocat - sur les conseils de son réseau - ...ric Delcroix, qui a fait du révisionnisme son fonds de commerce en défendant des gens comme l’écrivain Robert Faurisson et Pierre Guillaume, l’éditeur qui l’a publié. Devalez, son client du moment a déjà été condamné pour incitation à la haine raciale et dit avoir comparu en justice avec Michel Lajoye. ...galement dans la mouvance d’extrême-droite, ce dernier a été emprisonné pour avoir posé une bombe dans un café fréquenté par des personnes d’origine maghrébine. Par le passé, Devalez aurait été correspondant du Ku Klux Klan en France. Présent à l’audience du 2 octobre, il n’a pas été entendu par le juge, la procédure étant civile. C’est Alain Jakubowicz, avocat du consistoire israélite de France, qui s’est chargé de rappeler l’idéologie nauséabonde véhiculée par ce groupuscule qui prône le racisme comme une religion, sous la direction d’un Américain qui, sans peur du ridicule, s’est intronisé "pontifex maximus". "Ce mouvement milite pour un monde plus blanc, a exposé Me Jakubowicz, définit les "nègres" comme une "race boueuse responsable du chaos" et prête aux Juifs "une apparence de rat." Le mot d’ordre de la secte, "rahowa" signifie "racial holy war" (la sainte guerre raciale). Stéphane Lilti, avocat de J’accuse !, mentionnera pour sa part un article de journal américain rapportant une tuerie raciste commise par des membres de cette "...glise".
Quelle responsabilité ?
Pour ...ric Delcroix, avocat du "révérend" Devalez, on ne peut faire endosser à son client la paternité du site incriminé. Sur le site hébergé par Front14, des textes apparaissent signés de son nom et il est décrit comme le "représentant français" du mouvement. Pour J’accuse !, c’est suffisant pour lui demander des comptes. Pour ...ric Delcroix, l’...glise du créateur n’a pas d’existence juridique en France et les plaignants doivent assigner l’association aux ...tats-Unis. "Si l’on prête une responsabilité rédactionnelle à mon client, plaide-t-il, alors, il faut l’attaquer en vertu de la loi sur la presse" et non en référé. Dans la salle des pas perdus du palais de justice, Olivier Devalez affirme qu’il a seulement "donné son avis" sur la traduction des pages de l’anglais vers le français et qu’il n’est en rien responsable du site. Parallèlement à sa décision sur le filtrage, le juge Gomez dira, le 30 octobre, si le tatoueur doit faire retirer les propos illicites du site de son mouvement.