Les majors poursuivent les trois principaux réseaux d’échange de fichiers successeurs de Napster. Tous utilisent le logiciel d’une entreprise basée à Amsterdam.
Ça recommence à chauffer dans la musique en ligne. Les majors du disque, unies pour l’occasion aux studios de cinéma d’Hollywood, lancent un nouveau procès contre des réseaux peer-to-peer. On retrouve une fois de plus, brandissant la bannière des croisés de l’industrie des contenus américains, la Recording Industry Association of America (RIAA, musique) et la Motion Picture Association of America (MPAA, films).
Plus de trafic que Napster
L’objet de leur ire ? Après la défaite de Napster, de Scour, la dégringolade financière d’Aimster, la RIAA et la MPAA veulent la mort des trois systèmes d’échange de fichiers les plus fréquentés : Morpheus, de Music City, Kazaa et Grokster. À eux trois, ces réseaux rassemblent en permanence 600 000 personnes connectées simultanément. Selon le webzine Webnoize, une poignée de sites P2P qui marchent bien (les réseaux cités, plus Gnutella, AudioGalaxy, iMesh...) créent aujourd’hui plus de trafic que Napster à son heure de gloire, en février 2001. Preuve que les amateurs de musique sur Internet n’ont pas baissé les bras après la fermeture de Napster.
Pas de base de données centrale
Mais cette fois, les majors du disque et du film vont avoir plus de souci à imposer leur loi dans les tribunaux américains. En effet, seules deux des entreprises incriminées sont américaines : Kazaa est hollandaise. De plus, derrière les trois sociétés, il y a un seul logiciel, édité par la société Fast Track basée à Amsterdam. Première difficulté : il va sans doute falloir remonter jusqu’en Europe pour faire appliquer la jurisprudence des lawyers américains, et rien ne dit que cela sera évident. D’autant plus, et c’est la deuxième difficulté, que le logiciel en question ressemble plus à Gnutella qu’à Napster. Autrement dit, il n’y a pas de base de données centrale pour lancer des requêtes ; le système est complètement distribué. Si Fast Track venait à disparaître, les utilisateurs pourraient parfaitement continuer à s’échanger des fichiers, car le logiciel est autonome. Si, cette fois encore, les majors l’emportent, cela signifiera que la mise au pas d’Internet aura franchi un nouveau cap.